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Peindre en 2017 ?

Peindre en 2017 ?

 

 

Peindre, aujourd’hui, est comme parler une langue étrangère que plus personne ne parle. Pas une langue morte puisque chaque peintre, rare, encore vivant (je crois ?) la fait évoluer, la travaille, explore ses possibilités expressives, poétiques, et techniques.

 

 

Mais tout de même, je parle un truc que personne ne pige (ou presque). Pas même les critiques, pas plus les marchands, et universitaires … et tout pareil des « peintres » qui peignent comme sur un ordinateur, du pixel, illustrent. Parfois avec un vrai talent, une vraie originalité, mais ne « peignent » pas.

 

 

 

 

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Et peindre est une langue comme peuvent l’être celles de la musique, la poésie, la danse etc, une langue qui ne se traduit pas. Ou, pas au mot à mot.

 

Elles expriment des sensations, des émotions, inspirent parfois des idées ou pensées intellectuelles, philosophiques, parfois encore, elle ne fait que questionner, bouger l’esprit, le mettre en mouvement, en chemin, en recherche. Elles peuvent sauver, transformer, bousculer des vies. Tout comme, avec la même expression, elles peuvent aussi ne rien dire ... 

 

Elle sollicite l'autre, un accueil, un échange ... et un effort, sensible, intelligent.

 

 

C’est intime et/ou universel, parfois seulement "mode" et qui mord l’actualité, néanmoins celle que je préfère et pratique se situe hors le temps.

 

 

 

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Enfin donc,

si la musique ou d’autres supports expressifs peuvent encore trouver à qui « parler », la peinture, elle, n’est plus qu’un blabla d’extra-terrestre.

 

 

 

Et si je peins, encore,

c’est parce que je ne connais pour m’exprimer au plus juste et au plus « vrai » de moi, que cette « langue ».

 

 

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Depuis plus de trente ans, je crée mes mots, ma syntaxe, des motifs et des techniques adaptés à ce que je suis, suis devenu petit à petit. Pour "dire", peindre a ma préférence. Si les mots me plaisent et peuvent approcher ma réalité intime, ils ne suffisent jamais. J'ai beau tenter de les tordre, faire des acrobaties avec jusqu'à perdre mon équilibre et mon dernier lecteur, ils disent que trop peu de ce que je peux exprimer par ma peinture.  

 

Au début, j’ai "appris" à peindre pour échanger avec mon père (qui ne me parlait pas). Apprendre par l'observation, l'usage et la proximité avec les peintres, autant papa en pleine action créatrice que ceux des musées, des galeries, des livres. Le nez dessus à faire crier les gardiens ou des alarmes, à me rayer les yeux. J'ai appris avec assiduité, puis avec passion, puis par la pratique. Mon propre langage. Aux mesures de ma sensibilité, mon esprit, mon délire. Un travail, un travail plein et fou.  

 

Et aussi,

appris trop tard (pour échanger avec lui).

 

 

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Maintenant,

je ne sais plus trop ...

Pourquoi peindre, encore ? (j'entends dire ou murmurer ...) 

 

 

Seul avec les tubes, couleurs, un tas de vagues projets (puzzle n°2 - les bateaux-papier-plié, phénix etc) et le temps, enfin libéré. 

 

C’est comme une espérance fantôme, le plaisir à faire, à pratiquer. Dans ce périple, souvent obligé de m’inventer un interlocuteur invisible, ou, de me parler à moi-même, seul, comme un doux-dingue, créer un dialogue miroir qui s’exprime dans des intervalles de temps entre celui qui a peint, une fois le travail bien sec, et moi qui retrouve ce tableau, interroge le peintre, cherche son vocabulaire, fouille sa syntaxe, et trouve quelques émotions fossiles et ses traces poétiques. 

 

Essayer les mots, une littérature en forme-difforme de peinture ? (souvent, je peins comme j'écris et inversement. Jeu de glacis, couleurs, effets matière, vide et plein, narration fausse ou disloquée, traces ou empreinte de mémoire, incomplète, bidouillée, accidents heureux et fissures, ratés inventifs etc)

 

 

 

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Et c'est étrange, étrange sensation, 

maintenant que j'ai l'espace, le temps,

comment j'appréhende cette "folie" (aux yeux de mes contemporains et derniers proches qui parlent d'autres "langues").

 

 

Je sais que je ne peux pas ou plus "gagner ma vie". Je sais aussi que je ne peux pas ou plus vivre autrement qu'à travers cette expression, exister = me créer au quotidien, qu'avec moi qui se perd dans ce voyage.

 

C'est comme partir vers une autre planète, autre atmosphère (respirable), autre temps, où la vie m'est encore possible. Mais ... partir, avec aucune possibilité de revenir ?

 

 

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Alors, oui, peut-être,

une hésitation, encore qui traine en tête ?

 

 

Personne qui me pousse au voyage,

plus personne qui s'enthousiasme (comme ma soeur) curieux de mon futur récit, dans cette "langue" que plus personne ne sait, ou ne souhaite, entendre.

 

 

 

Pour "partir",

je dois trouver seul, mon feu, mon essence, une motivation à part, plutôt originale, une pensée magique. Et surtout ... Croire en cette magie. Et en moi ...

 

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Moi, en panne sèche de confiance. 

 

 

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Le ciel, la mer, le temps et mon penchant contemplatif, pour m'aider ? Un fou à pieds bleus, palmés, pour me pousser du haut de cette falaise ? D'un seul déclic-phénix ...

 

 

 

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