Du chaos, ou d’une sorte de chaos intime, avec ouverture type faille temporelle-quantique-bordélique-gag sur un universel pas net, nait une harmonie.
Je ne définis pas, et ne l’explique pas plus … je ressens ça, à donf’. Et parfois, subtilement quand la confiance me regagne : je sais.
Ou alors, tout aussi exact : les mots ne disent pas, jamais. Comment dire assez ce précipité sensible, chimique et organique ? Avec poésie, décalage, folie ? J’ai beau bidouiller la syntaxe et mon vocabulaire, l’extraction du jus textuel me trompe toujours. Je perds la vitamine de ma pensée, émotion, et … bien trop de l’indicible effet poétique.
A chaque fois que je redécouvre mes « tableaux », je m’épate de mon travail. Je regarde, je regarde et j’approche, m’éloigne, laisse les différentes lumières pénétrer, glisser, se diffracter, se perdre, exploser, me perdre, me surprendre et … me plaire.
Je m’épate sans aucune modestie (plus le temps ni l’énergie pour cet exercice pour lequel je n’ai aucun don).
Presque pas crédible que j’ai pu faire ça. Le temps travaille la matière, l’idée, des émotions. L’effet miroir bouge, plus vite que moi (qui dormait sous hypnose de chiffres). Me voilà dépasser, incrédule. De loin, je ne voyais plus. M’agace du coup de ce que l’image à travers le pauvre pixel-binaire rend tellement peu d’un travail pictural sur la matière la lumière et le temps. Le blog ou le site me frustrent toujours dans mon envie de partage (qui souvent prend chacun quand un enthousiasme subit vous submerge).
Je monte et descend l’escalier de mon chez-nous, et je regarde ce tableau de la série des « ourson, moi, man et sœur » et qui m’a inspiré ce début de texte (chaos, harmonie etc). Matin midi soir, entre éclaircie et nuages, pluie et courant d’air, je vois les plissures, le froissé, le mat et le brillant, et entre, ce que je devine à peine, et beaucoup, me voyage le cœur (le symbolique, tandis que l’autre comme un Shadock pompe).
Je m’attarde sur le trait, le noir et des couleurs, je m’attarde dans l’escalier de mes émotions, passe et repasse dans ce détail ou cet autre. Marche après marche. Je voyage, dans ma « cage » d’escalier, libre dans cette intimité sans mot, qui va de la colère à l’apaisement, du chagrin profond, destructeur, à des explosions de joie, des espérances folles, des acrobaties déraisonnables.
Je suis dans mon questionnement, mon incompréhension totale, avec ces petites lueurs, ce flou de l’être que j’évoque si souvent. Que j’exprime avec difficulté quand seulement armé de mots, rigides, armures de clés qui brident le son.
Je vois mieux dans ce seul tableau, ressens plus clairement mon expression, dans ce recul d’une « cage », yoyo à sentiments, d’une vie bien entamée.
Etrange sensation et expérience, me semble me réveiller d’un long coma. Le poids d’une vie (que je dois « gagner ») qui me tient la tête sous l’eau, longue apnée où mon cerveau attend patiemment sa dose d’oxygène, pur. Ma dose de lumière, de temps, pour voir.
Voir enfin ?
Je sais ce tableau « difficile ».
J’aime ce tableau comme d’autres, tellement … (l’homme les pieds dans l’eau, 2 « bateaux papier-plié » dont le dernier et celui du styx, des roses n&B + etc) qui tous, il me semble, sont « difficiles ». Techniques, mais pas que. D’une expression complexe ou … d’entrées improbables.
Qui jouent sur le « motif » (son idée) et son traitement, multiple, couche sur couche, entre parfois,
une idée enfantine, légère et pleine de mémoire, de matière, d’échappées…
et une réflexion à facettes qui module, nuance, casse ou essaye autrement, transcende, ce qui compose le son d’une existence.
A entendre, écouter.
Non,
bien sûr,
la lecture de ce travail, appartient d’évidence à chacun, chacune.
Me désole seulement que personne ne fasse, ou ne puisse faire, cet effort vrai de lecture totale, sans concession, passionnée, de mon "travail". S'arrête au joli, au bizarre, à l'étonnement, au travail, au décoratif ... s'arrête à la surface. Ou ne s'arrête pas. En soi, pas grave. Faire avec.
Etre dans l’art, s’approprier une expression, explorer la différence, s’enrichir d’un voyage hors le temps, l’espace. Hors soi, hors certitude. En pleine poésie … non défrichée. J'aime tellement ça.
J'aime
Pour avoir vécu cela avec d’autres peintres, écrivains, musicien, cinéastes et autres matières, autres artistes ou anartistes, avec le spectacle de la nature tellement créative, imaginative, vivre ça qui demande du temps, de l’attention, une discipline contemplative et un travail sur soi, parfois de l’obstination, je sais que la Vie sans … est …
Elle est possible,
mais,
intime et profonde conviction+ intuition : mais quel dommage ! Non ? Vivre la création … c’est magique.
Et
Au combien non mesurable.
Et le pixel d’un écran, ne dit presque rien de mon travail.
Je ne peux pas partager.
C’est vrai : J’essaye tout de même. Je m’obstine souvent, encore.
Avec des mots maladroits ? Avec des détails sous octet , là… qui vaguement "illustrent".
(sauf, peut-être, qui sait ? Après ma mort et un mécène judicieux qui s’arrange une découverte, pépite dans la gangue.
Et alors,
posthume,
il ou elle se paye une monumenta/grand-Palais pour me rétrospectiver ma pomme (façon bio) avec en gras-souligné l’artiste qui en a bavé des ronds de chapeau.
Génie-Crésus du découvreur-explorateur, autant (ou plus ?) que de « l’anartiste » mort sans le sous dans un état déplorable, chevelu du nez et des oreilles, et puant, le cerveau en marmelade, périmée, rebut, débris d’homme rejeté par un ou une dernier(e) proche pas bégueule, qui forcément s’ennuyait.
Je peux même voir (puissance de l’imaginaire) mes rares collectionneurs d’avant la fin sordide - ou héritiers de ceux-ci - qui se frottent les mains et bavouillent un filet aux commissures pendant le déroulé dithyrambe d’un critique pro-blabla (genre Hector Obalk) ou/et universitaire patenté, qui inaugure l’expo monstre.
Et
Derrière le discours de braise, j’entends déjà le tiroir-caisse qui swifte d’ile en ile les conclusions d’enchères colossales)
Ou pas ? … et l’absolu oubli, qui de toute façon vient pour toute chose, être, dinosaure et bactérie, planète et univers, un jour futur. Nuit future. Ou quand le futur lui-même disparaîtra …
D’ici là, à moi de profiter de l’instant en pleine conscience, solitude, à moi de négliger le présent et futur oubli. A moi de créer ce temps, espace, de libre expression, d’art, de poésie, de joie. A moi de créer totalement. De vivre mon absolu.
Là, devant moi, la page blanche d’une existence,
à finir.