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Quand tout est terminé ...

Quand tout est terminé ...

Expo au Val-André (une semaine) « salle des régates » rétrospective 33 années de peinture (en toute discrétion)

 

 

Le 13 juillet 2015 :

 

J’installe. Encore du déménagement de planches. Un exploit musculaire au vu de mon état de déliquescence générale. Le dernier ? D’avance, cette semaine me fait mal au bide. Au moins, le lieu ne peut que me plaire. La mer tout à loisir (la Manche, je croise une famille qui se croit au bord de l’Atlantique. La géographie perd du terrain). Pas une voiture entre l’eau et moi.

 

A dispo (caution à ne pas perdre) de l’espace pour éparpiller environ 80 travaux (peinture). Je ne compte plus. Vacances. J’estime. Et monter 22 « têtes de rien ». Lieu ouvert à tous les vents, avec mes horaires perso. Musique possible. Urinoir public pas loin, free et, propre. Douche eau douce possible si bain salé que je m’autorise.

 

 

1er contact, un vieil homme (= plus vieux que moi) avec casquette : « lui : y a-t’il une boîte aux lettres pas loin ? Et moi de lui répondre : désolé, je ne sais pas » Pas bonjour au-revoir, merci. Les vieux sont mal éduqués.

 

 

Toute la semaine, je me cadre un dehors. Ici, une jolie femme.

Toute la semaine, je me cadre un dehors. Ici, une jolie femme.

Je regarde la mer, qui cette après-midi, monte. Elle monte vers moi, vous dira un artiste bien ego-té.

 

Je dois compter pour la mairie le nombre de visiteurs : 170 aujourd’hui. Pas de chiffres de la préfecture, je suis le seul maître de cette statistique.

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

14 juillet, fêt’ nat :

 

temps gris. Je dois « vernir » aujourd’hui, 17h selon mon affiche. J’ai fait semaine passée un rappel mailing. Mes rares et vagues connaissances locales. Dont le club des kayakistes dont j’ai fait partie en 2012, sans finir l’année parce que ma soeur. + quelques artistes locaux que je croise ici ou là dans les expo de rue. Mon sponsor « bio-groupe » (entreprise locale) qui nous a généreusement fourni des cartons de « karma kombucha » (thé fermenté).

 

Finalement, 1 visite : Philippe. Artiste (comme moi qui œuvre « en toute discrétion ») à Saint-Alban. Un piéton acharné, endurci (pas de vélo, ni permis voiture). Moi, lui et mon épouse, cela ne faut pas la foule. 

 

Une culturelle de la mairie passe en coup de vent. Nous n’engageons pas une conversation fournie sur la situation culturelle de notre pays, sur l’évolution du marché de l’art et ses paradigmes économiques, historiques, sur ce qui oppose fondamentalement Bonnard et Picasso à propos de ce qu’engage de soi le fait de créer. Rien sur mes 33 années d’explorateur pQf, acrobate aux techniques plus ou moins périlleuses, jongle avec des sentiments, sensations, émotions. Non.

 

Ce vernissage

(qui me rappelle diablement ma 1er rétrospective de 10 années de peinture, où j’avais squatté un entrepôt désaffecté à Montreuil, via l’association d’artistes (CVE – Comme Vous Emoi) tous bancals et jeunes comme moi dont j’étais le trésorier ou presque ça. Et pile poil, pas de bol : grève des transports trop tard annoncée pour que je décommande. Du coup : personne. Sauf mes hôtesses : ma sœur et belle-soeur, et la visite d’un ami (2ki) qui a traversé la France pour moi. De dépit, ou pire que ça, j’écluse le stock de Saint-amour que j’éponge tant bien que mal avec du saucisson sec. La montée de mes 5 étages rue Coysevox/Paris 18 est laborieuse. Ma soeur est encore là, Fan absolue, qui soutient dans l'escalier et ailleurs)

est dans l’esprit général de ma « carrière » artistique. Colle parfaitement avec cette idée de rétrospective en « toute discrétion », me colle à cette image d’ego transparent. Je m’en contente.

 

 

 

tête de rien, renaissance.
tête de rien, renaissance.
tête de rien, renaissance.
tête de rien, renaissance.

tête de rien, renaissance.

 

Parfois même très content, que j’en arrive à me complimenter, m’auto-satisfaire. Je sais ma parfaite sincérité et plus totale implication dans mon travail. Ma rigueur jusqu’à une possible destruction massive si à mes yeux m’apparaît comme nécessaire. Les tableaux peuvent changer du tout au tout en 5 minutes et ça énerve parfois mon épousée. Mon insatisfaction en yoyo, qui enracine le doute. Et parfois, mon plaisir total jouissif extatique qui peut m'emporter loin ... loin. Qui forcément "transpire" dans ce que je crée ?

 

Alors, comme là quand j’enfile sur des murs toute ma vie chaotique, je me repose de moi, de l’ego fou ou enragé ou enflammé, pour complimenter un effort de création, qui dure, insiste, et parfois aboutit plus ou moins et, qui a minima, mérite mon plus humble respect (à défaut de reconnaissance).

 

Aucun risque d’oubli (On oublie que ce que l’on a connu) qui fait peur à tant de mortels et particulièrement aux « artistes » (ex : D’Ormesson qui en panique)

Parfois même très content, que j’en arrive à me complimenter, m’auto-satisfaire. Je sais ma parfaite sincérité et plus totale implication dans mon travail. Ma rigueur jusqu’à une possible destruction massive si à mes yeux m’apparaît comme nécessaire. Mon insatisfaction en yoyo, qui enracine le doute. Alors, parfois, comme là quand j’enfile sur des murs toute ma vie chaotique, je me repose de moi, de l’ego fou ou enragé ou enflammé, pour complimenter un effort de création, qui dure, insiste, et parfois aboutit plus ou moins et, qui a minima, mérite mon plus humble respect (à défaut de reconnaissance). Aucun risque d’oubli (On oublie que ce que l’on a connu) qui fait peur à tant de mortels et particulièrement aux « artistes » (ex : D’Ormesson qui en panique)
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

Comme ce matin, quand j’ai remis en ordre de « bataille » mes « têtes de rien » si longtemps cartonnées, disloquées, parfois cassées. Mon humanité portable et intime, bricolée à l’aide de bazar et d’hasards toute en déséquilibre, en formule précaire, en gammes de poésie. Une modeste foule pleine de mon « flou » intime, de mouvement et d’empathie. Un éparpillement d’être, nulle part et partout à la fois, avec du rien, avec tout, qui tient ma tête. J’étais heureux de ce travail, de cette rerere-découverte qui à chaque fois - bizarre mais vrai -  m’épate un rien.

 

Les revoir, étrange comme me rend heureux, brièvement. Me réconcilie avec moi-même et ma vie toute ratée, qui échappe à mes semblables, si différents. Me revoilà cohérent et présent, dans mon espace, univers. C’est comme un « la » que j’entends à nouveau. Que seul j’entends … et me réconforte.

 

195 visites (qui font un détour dans leur balade sur le bord de mer) Dont un nouveau mal poli connu et reconnu. Le prof d’art plastique du collège où j’ai travaillé une année (2012-13). Rentre avec ses lunettes de soleil, « jette un œil » et pas 2, sans bonjour au-revoir et repart. J’étais totalement transparent, comme mon travail. Vexant … ou pas tant que ça. 

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
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Le 15, ciel mi-gris mi-bleu :

 

Lumière rasante à 10h23 quand un 1er visiteur passe « tiens, ça a changé ! ». rentre sort, juste le temps de dire « bonjour, au-revoir ». Bruit de mer, qui descend maintenant.

 

Pourquoi je crée ? Je peins dessine sculpte photographie écris filme bricole et me prends la tête avec ça à longueur d'une vie ? J'aurais du depuis longtemps ranger tout ça. Vider ma tête. Et me consacrer aux chiffres plus sérieusement, m'expertiser avec diplôme et spéculer sur le blé, prendre du houblon devant un bon match de foot, passer mon permis 4 roues motrices pour faucher des cyclistes et hérissons sur les bords de route. Me distraire en joyeuse et nombreuse compagnie. Etre compétif et mordre mon prochain.

 

Pourquoi m'obstiner ? pour qui ? Ben … pour moi.

 

Peut-être avant, pour épater mon père, une compagne, justifier la confiance de ma sœur, d’un ami fidèle et convaincu de mon « talent » ? Et encore, pas sûr … Je crée parce que je ne peux pas vivre sans. Et en installant toutes mes « croûtes » sur des murs et grilles, en remontant mes « têtes de rien », je me rends bien compte que toute ma vie est là. Une trace. Ma respiration. Souvent, je me souhaite de quitter mon univers, émigrer vers le pays des normes. Et puis, je n'en trouve pas le courage.

 

Dans cette "trace", la mémoire d’une action floue et intense, ce mouvement de tout mon être, esprit. En définitive, je m’étonne à chaque fois d’avoir pu vivre d’autres choses, d’avoir supporté l’enfermement, les chiffres, les collègues qui ne savent pas un mot de l’art, pas une image. A qui je cause un chinois perso qui ne calligraphie rien dans leur "tête de tout". Comment je fais pour n’avoir jamais personne à qui dire, partager, échanger, tout ce qui m’anime … m’emporte et me déporte, me brûle, me naufrage ou m’émerveille bien au-delà de la passion. Comment j’arrive à maintenir ce feu, quand rien dans ma vie qui souffle dessus. Je m’étonne tout simplement d’être encore. Tout ce travail sur des murs blancs me rappelle à moi. Quand je vais ranger tout ça, une fois de plus, je vais me ranger avec. Et m'éteindre.

 

 

Perdu entre ici la-bas et nulle part.

Perdu entre ici la-bas et nulle part.

Oui,

peut-être, la nature, la vie, le génie de la création perpétuelle, explosive, là, à contempler. Création absolue, qui essaye, se trompe, gomme et se répète, multiplie, utilise le chaos, la folie, le délire, le flou, pour explorer une infinité de possibilités. Pas de doute que la vie nous a crée, animal frustre mais équipé d’une conscience bon gré mal gré opérationnelle, et de la curiosité, pour s’épater de ce spectacle qui ne finit pas. Bien sûr, nombre d’entre-nous traversent la vie sans rien voir, ressentir, trop préoccupés par le pouvoir, avoir, par un au-delà pour nicher leur ego, paralysés par leurs peurs innombrables, les sens atones. Ne s’attachent qu’aux ombres et, oublient la lumière. Ils traversent la vie, immobiles à l’intérieur. 

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

Dans le nombre, la vie savait bien que quelques specimens finiraient bien par vouloir explorer l’œuvre de vie, découvrir son génie, s’ouvrir l’esprit et aiguiser ses sens pour essayer ce voyage au cœur de la création.

 

Comprendre que tout ça peut suffire à remplir sa propre vie. Tellement « belle », expressive, peut être une existence quand elle casse les cadres, se libère des certitudes, des réponses enfantines, se donne tout entier au mystère, avec joie, avec envie. Que sa propre fin … peut alors, parfois, peut-être, prendre sens, sans fioriture, dieu et blabla, peut s’accepter.

 

J'aurais voulu que ma soeur partent avec ça dans sa tête. Tant pis !

 

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

13h15, il pleut. Enfin, je parle de ce crachin endémique qui mouille sans brusquer. Une dame trouve « curieux » ce que je peins. Elle semble désappointée que je n‘abonde pas dans son sens. Me relis la chronique en-cours. je décide de laisser mn blabla sur "la vie", mais ... je vois bien que je fatigue grave. Me répète, pour ne pas dire radote.

 

18h peu de passage. Je dors un peu sur la plage. L’ennui pur et dur. Tout cela me conforte dans mon envie d’abandonner d’essayer (vendre, reconnaissance etc). De rassembler et concentrer mes dernières forces, idées, argent, et de travailler seul dans mon coin de vie, nature, sans plus de distraction, de cadre. Que moi et mon travail, explorer le plus loin possible … par delà le Flou.

 

85 quidam, dont 2 bavardes. Une de Rennes qui voulait m’acheter mon seul exemplaire de « je vais changer » ed du petit éditeur, ce qui m’aurait fait une 1er vente pour ce livre.

 

(Difficile de faire moins pour une publication. Même plus la famille qui pourrait acheter ma « littérature ». Les droits d’auteur sont loin. Peut-être dans quelques générations ?)

 

L’autre bavarde vient du Lot. Elle doit pratiquer la peinture. Sinon, plutôt rien.

Chronique d’une expo pQf.

 

16 juillet :

 

10h15, juste d'un pied entre, une femme d’un bob couverte, main dans les poches. Derrière elle, une vieille dame avec canne qui n’entre pas. Commentaire : un « wai ! » désabusé. Elle ne m’a pas vu. Ciel dégagé, sauf horizon brumeux.

 

Vers 11h, je passe du temps avec deux petites filles et leur mamie. Et les « têtes de rien ». Je dévoile les secrets de « fabrication » (origine de l’argile, du sable volcanique etc), jusqu’à plier papier un bateau pour la plus jeune, Fleur, qui n’en revient pas de cette manipulation. Puis la plus grande (prénom ?) m’explique ses vacances, qu’elle va dormir chez untel (mamie précise « un cousin ») jeudi, qu’elle a suivi papa, maman, Papi (dans cet ordre) à vélo pendant une course de 10km (je suppose celle du 14 juillet) etc. Je sais tout.

 
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
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Je finis ma journée avec commentaire d’une ancienne à canne très attentive, le nez sur mes huiles (comprends après pourquoi : elle n’y voit rien et dit qu'elle reviendra voir avec des lunettes). Elle trouve tout cela « très triste », les femmes pas sensuelles (me gêne pour mon épouse juste à côté) les mines déprimantes. Cela lui rappelle sa visite au camp d’extermination nazi, rien de moins. Elle ne doit pas connaître Zoran Music, Boltanski etc. Pas de ma culture et de mon influence. Pour comparer, elle me cite Vincent VG qu’elle trouve Joyeux. Alors que … le soleil le brûle, et les couleurs le sauvent comme une drogue dure. C’est à dire accélère sa chute avec l’illusion d’en échapper. Elle ne l’a pas lu, pas bien regardé, je suppose. Ce qui me rassure sur sa perception de mon travail. Je sais bien que mes roses … et mes façons de gérer ma « vraie » tristesse. Avec de la perspective, hors le temps le cadre, et de la profondeur, la couleur, une palette intense. Mais tout de même, elle me plombe après cette journée encore une fois vide. Et surtout sans aucune vente, ou même petite amorce d’espérance de vente.

 

75 « visites »

Chronique d’une expo pQf.

 

Vendredi 17 juillet 2015, temps gris :

 

Footbretagne.fff.fr s’installe juste devant mon espace. Va y avoir de l’ambiance, donc, je suppose. Une ambiance pas forcément dans le ton de mon travail. Comme ça. Dans « l’esprit général ».

 

 

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

Ai fini hier et commencé ce jour devant mon mac-TV : un docu sur Fabienne Verdier, une artiste parmi des centaines que je ne connaissais pas.

 

Elle fait dans la calligraphie chinoise géante. Avec une grue elle manipule de son guidon à vélo (qu’elle encense tellement heureuse de sa trouvaille) une sorte de pinceau géant fait de queues d’étalons (pas de jument à cause de leur urine qui abîme le crin).

 

Après 10 années en Chine pour s’imprégner du « souffle », elle détourne au profit du monumental, très occidental. Comme certains chinois actuels très « in » et très bien cotés détournent le « monumental » avec le filtre de leur culture. Un mari totalement dévoué et totalement acquis à la cause « Art » l’aide à tous les niveaux, finance fabrication et moral. Née en 1962 (ma génération) elle semble sincère. Le résultat n’est pas innovant en soi, après nombre d’abstraits des années 50, 60, seule cette démarche avec ce détour chinois et éprouvant la distingue. Je me retrouve dans pas mal de son blabla. Son rapport à la nature, à la vie, le mouvement et création perpétuelle. Ce qu’elle dit de son besoin de créer, hors le temps des hommes, ours dans l’intensité du travail. Entière, et sans concession. La nécessité de liberté. Un travail qu’elle assimile à une méditation profonde, un voyage qui touche l’infini de l’intime (tout ce qui échappe, à toujours échappé à mon entourage : mon blabla, mon être, mon fonctionnement) Et même, me retrouve encore dans le « souffle », que j’associe à mon Flou (de mouvement). Son travail instinctif, « spontané » etc. Echanger avec elle, voir son atelier, me plairait. Comme j’aurais aimé échangé avec Rebeyrolle Pincemin et Barcelo (pas mort mais inaccessible), qui dans leur démarche, blabla, travail, me soutiennent quelque part et collent, à mon sens, à ce flou, qui est mon « souffle » perso.

Chronique d’une expo pQf.

 

1er visite vers 11h. Les « têtes de rien » arrêtent les enfants. Les gens ne font que « passer ». Juste un détour par l’artiste de service, de fonction, de décoration « bord de mer ».

 

Fabienne Verdier a trouvé pour sa part un collectionneur suisse qui lui a demandé pour compléter sa fondation de créer raccord avec ses autres achats, que de la très grosse pointure abstraite, même acabit, dripping à la Pollock et instantanés à la Hartung, Fontana, Klein, les « abstractions expressionniste ou lyrique », etc Une famille qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

 

Dommage, je n’ai pas de famille. Ado, je me serais bien incrusté avec la « figuration libre" qui squattait les affiches. Mais … non. Trop sudiste, BD, décoratif et distrayant.  Et moi trop jeune. Finalement, orphelin et transparent … (jusqu’au bout ?)

 

Vers midi, encore une longue conversation avec une jeune (7ans) fille accompagnée de sa mamie, avec les « têtes de rien » comme point de départ. Elle trouve tout ça très « joyeux », parfois « rigolo » … comme quoi. Projection de sa psyché, que mon travail filtre et renvoie nourrie de toute la diversité de notre humanité. Je n’ai pas le contrôle de la matière initiale. Le filtre de ma fabrication joue, ou peut jouer un rôle de catalyseur, déclencher un précipité, ou rien. 12h15 les footeux gros bides ou carrés chocolats cassent-croûtent à ma barbe, d’un mois. Jour de marché, apparemment, selon circulation avec sacs.

15h, du crachin, journée encore plus vide qu’hier. Avec cette fois-ci personne sur la plage, sauf les footeux boutonneux. Animation musicale comme j’aime (pas). Que c’est triste ! Reste la mer, toujours belle. Grosse pluie, brève, vers 16h. Cela me fait un divertissement, avec la visite de 3 boutonneux pieds nus, ballon au bras, qui cherchent un abri. L’un me demande comment s’appelle un homme sur une planche à 6 visages. Etonné que chaque personnage ne porte pas de nom.

 

80 visites

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

Samedi :

 

10h25 premiers visiteurs, couple agé, pas convaincus, passent en coup de vent. Elle, de blanc vêtue un peu chic, lui casquette de « marin », pull marin sur épaules, short, chaussettes, sandalettes.

 

Bientôt la fin. Pas même déçu ? Sorte d’amertume, forte. D’abandon. Je ne pense plus qu’à ranger mon « atelier », immense chaos pleine de mémoire défaite, éparpillée. Ranger. Avec petite espérance de retrouver quand l’espace retrouvé, libre, un peu beaucoup énormément (pas du tout) l’envie de peindre. Mieux, de créer.

 

 

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

Comme peindre, qui me traîne dans la tête depuis une année, mon idée-mémoire de « l’ourson-maman-sœur-moi ». Peindre l’ourson seul, décati, mon seul et remier ourson, plus qu’un œil une oreille, plus de bouche pour dire, au poil douteux défraîchi.

 

Peindre aussi des « je » : une idée venue pendant l’expo, qui pourrait prolonger une série d’empreinte (main et pied) de 20x20. Me vient d’une réflexion d’une visiteuse qui me demande pourquoi je ne signe pas mes tableaux – ce qui ne se fait plus vraiment depuis les modernes – sauf chez les peintres qui traînent des pieds, encore empêtrés dans le passé.

 

Et aussi, bricoler d’autres « têtes de rien ». Et serait bien, leur trouver un abri pour ne plus les laisser emballées ? Ecrire à leur sujet, les continuer avec des mots.

 

Enfin, retrouver un peu de bonheur … une énergie comme j’aime. Un peu de vie, de moi. Recoller quelques morceaux. 

Chronique d’une expo pQf.

Hâte maintenant de remballer ici, tout ça avec mon amertume, et d’aller à autre chose. Seulement pas sûr que je trouve encore assez de … souffle ? pour sauter l’obstacle. Car en plus de cette amertume, forte, il y a la fatigue, grosse fatigue. Il faut vraiment que je vende quelque chose ...

 

10h43. J’écoute ma sélection classique. Et tombe sur Rachmaninov, le n°2. Peux pas écouter ça sans penser à ma mère, maman. Combien elle adorait ces concertos pour pianos, tellement « russes ». Beaucoup de mal à … sans être vite bord de larmes. Quelque chose qui ne sort toujours pas. Une relation silencieuse, un lien, si fin, léger, indestructible ? Quelque chose que je n’arrive pas à dire, décrire. Mots inutiles, toujours faux. Plus que la peinture pour me sauver de cette impasse. Comme d’hab’ .

 

Comme si l’accumulation, père, 2ki, Pierre et sœur, embouteille ma raison. Gros caillou d’émotion qui obstrue. Ma mère qui attend quelque part. Que je la libère et, j’espère encore un peu, moi avec. D’où l’importance de ce travail « ourson etc. », il me semble … Pas plus sûr que ça.

 

Pierre, c’est Arvo Part qui me ramène à lui, ligne directe, le « Cantus In Memoriam Benjamin Britten », qu’il aimait  Et même, maintenant, toute la Finlande que je me suppose, il aurait aimé. Un papa bis, un nouveau papa-artiste (musique/compositeur-musicien-chef d’orchestre), à qui je pouvais parler, qui avait une attention toute artistique à mon égard (achetait "l'oeil" dans sa jeunesse et m'a retrouvé le numéro de ce magazine avec l'article relatif à mon papa - une critique élogieuse sur une expo/galerie à Paris) ... Pierre à qui je n’ai pas pu dire au revoir.

 

(ma sœur : Julien Clerc, Bashung, Mengo, Bowie, Jonasz, Barbara, Rod Stewart et tant d’autres … elle est partout, encore …)

Essai avec roses de notre jardin.
Essai avec roses de notre jardin.

Essai avec roses de notre jardin.

Oui, je suppose trop pour moi en si peu d’années. Pas assez solide, pas assez de confiance, de réussite, pas … un pas mal assuré qui trébuche sur des riens.

 

Matin plutôt vide, du passage en coup de vent. 11h, un maître-nageur hisse le drapeau vert.12h un beau jeune homme, la trentaine, regarde attentivement, lit mes textes et me lâche avant de partir un « bravo ! », me fait plaisir. Comme ça … tout petite chose. 13h, seul, personne, très seul, et j’augmente le son de la zique, bouge ici ou là les planches, marche en tout sens, entre les grilles, presque danse, comète parmi mes planètes, me perds dans mon UNivers. Tête qui tourne. Vertige d’une existence toute en chutes. Et puis « black bird » (ZEU Beatles) « singing in the dead of night » « learn to see all your life » « learn to fly » « waiting for this moment to a rise » que j’aime cette chanson, my sister to, loved. Derrière the black bird : « love cats » (the Cure). Loved to … Marvin Gaye pour finir mon plan vol, planer dans le flou. J’atterrirai dans une autre vie, ou, dans le néant. Peu m’importe.

 

+ de visites vers fin d’après-midi, recrudescence qui se calme avec la pluie qui revient. Bientôt 19h et fermeture. 2 dames un rien intéressées par une « rose n&b » 90x90 qui recule devant le prix (le même qui plaisait à « l’actrice de Val André ». Mais à ce format, je ne peux pas … non. Déjà bien bas. Donc, rien.

 

175 visiteurs.

 

 

Chronique d’une expo pQf.

Dimanche, THE last day :

 

Elle et moi commençons à avoir la main sur l’installation chaque matin, rideaux à lever, panneaux à sortir, après le café au bar le plus proche. La serveuse précède notre besoin. Mon ordi montre de gros signe de faiblesse. Il est dans le ton. Sauf que pas les moyens, du tout, de réinvestir. La perspective de tout remballer, puis de remonter les planches, les ranger dans mon atelier-grenier, me barbe (longue d’1 mois) d’avance. Plus que ce jour pour vendre, me donner un poil (de barbe) de motivation, d'espérance. Tellement besoin.

 

1er contact du matin, 10h : 2 jeunes me demandent l’autorisation pour utiliser 2 chaises qui traînent devant l’espace (alors que 10 mètres sur le coté, il y a 1 banc – du reste très confortable puisque je l’ai utilisé bien des fois cette semaine passée). J’autorise. Ils parlent fort. Ou bien ce besoin d’imposer et bien signaler leur présence, leur existence. Ou il sont à moitié sourds. Plus tard, j’apprends qu’ils sont des footeux qui cherchent un partenaire pour un tournoi à Saint-Cast. Ils racolent avec leur ballon sur le jetée.

 

 

Chronique d’une expo pQf.
Chronique d’une expo pQf.

Très franchement, j’avoue, je croyais dur que je n’allais non pas vendre 1 tableau, mais plusieurs.

 

Je comptais déjà dans me tête le nombre de salaires-école (petite unité) d’avance que j’allais encaisser. Histoire de ma rassurer et d’assurer enfin des dépenses distractives a minima pour ces vacances + le fisc de la rentrée. 

 

Et j’angoissais principalement de me séparer de ce tableau ou de celui-là. Les prix massacrés pour être un peu plus sûr des ventes. Sauf sur 1 tableau, le plus vieux et le plus récent (plusieurs fois repris) dont vraiment, je ne peux pas là encore me séparer.

 

Aujourd’hui, voilà, je peux rire de moi, de mon optimisme récurrent et destructeur, puisque j’expose encore après tant d’années d’échecs. Le cumul des déceptions me revient à chaque fois en surface, en enfilade. De l’expo-enchère Fratelini, du petit Namur (et la découverte de l’Orval – bière), la galerie rue Keller (où juste je rentre dans mes frais grâce à un collectionneur-peintre japonais), le salon d’automne, l’expérience associative avec CVE, expo à répétition dans les rues, etc jusqu’à une série d’expos chez moi, thématique ou pas, EGO et roses n&b, toutes là qui se filment dans ma tête …

 

 

Chronique d’une expo pQf.

 

Une expo pQf est peut-être cela :

 

Qui n’a aucun effet, sinon cet effet flou sur le passant. Moi et mon travail d’une vie transparent, où trop loin, qui provoque une myopie spontanée chez le visiteur. Mon voyage m’a emmené trop loin. L’univers pQf est … vaste, sans cadre, dépourvu de signalisation. Un mouvement anarchique qui joue sur l’équilibre, des couleurs, formes, idées, émotions et de mon mental. Assimilable « vaguement » au principe d’incohérence Quantique. Ici et là et nulle part à la fois. Qui prolonge cette question double face et originelle : Pour Quoi faire ? Pourquoi faire ? Avec la forte probabilité que la réponse n’existe pas. Une réponse sans blabla, sans fable, sans illusion enfantine. Oui, je suis seul. Parti, perdu, mais pas totalement mécontent du voyage. Un voyage, j’espère, pas totalement achevé. En vérité, je m’espère encore quelques étapes, ici et là et nulle part. Encore trop d'optimisme ?

 

Midi : je tente de me réconforter avec une relecture-correction de mon bidule extra-terrestre à peine littéraire et tellement pQf, titré « il faut jouer pour gagner ». Me ranime un peu. Perfusion de mots tirés de mon dico de chinois perso. Je m’amuse pas mal. Je me trouve même un certain humour, très nordique. 

 

Petit bonheur volé un peu comme quand j’ai déballé mes « têtes de rien ».

 

Il y a au moins "moi" qui s’enthousiasme de mes créations, parfois. Le décalage de mon travail me fait du bien. Sauf que l’endroit n’est pas vivable, quand de retour dans le cadre parmi mes semblables. Et chaque déplacement me demande un effort, surhumain. Pas encore de solution. Transferts trop long périlleux et … épuisant. Limite tuant.

Vue extérieure de l'espace "des Régates"

Vue extérieure de l'espace "des Régates"

14h calme plat. C’est dimanche. Ciel gris avec éclaircies épisodiques. Pas un pet de vent, comme j’aime pas. Mes voisins et voisines du poste de secours jouent au volley. Elles et ils jouent très mal et ne savent pa compter les points. Mais, sur cette plage presque vide, c’est distrayant ce grand n’importe quoi et comment. Me fait mémoire de moi et mon frère à Saint-Jean de Mont. Nos vacances entre frères (les dernières), moi autour de 11 ans et lui 21. l’achat du super ballon de volley. Comment il « m’entraîne » intensément et, les bleus sur bronzage aux avant bras. C’était comme un papa de rechange, plus insouciant avec du temps à me consacrer. Il m'a initié au volley, à la BD trash et lecture (Vian) au jeu d'échecs (double sens ?), à la photographie etc 

 

17h – 18h : il pluviote et forte affluence. Une femme veut m’acheter une « tête de rien » (car pas les « moyens » pour un tableau). Je n’ai pas de prix. Je ne vends pas mes têtes (au rabais). Elle me parle alors d’un peintre sur Pléneuf qu’elle connaît bien (Christian Soto que je ne connais pas), qui vend bien, qui n’a plus besoin de faire des expos dans ce « genre », et qui a des prix pour tout.  « Il sait communiquer ». Difficile la leçon.

 

Je sens mon humeur noire m’envahir. Fin d’expo difficile dans ma tête. Sentiment de panique. Une digue qui lâche. Je connais ça, reconnais. Toutes ces années de peintures, d’effort pour apparaître, toutes ces tonnes de planches que je transporte, déménage. J’y gagne un peu de muscle, que je perds aussi sec avec mes déprimes sévères post-expo.

 

Peu avant 19h et fermeture, une femme qui travaille dans la publication à Londres veut m’acheter mon « je vais changer » (livre). Elle prend coordonnées. Elle trouve que j’ai « quelque chose » dans mon écriture. Aime beaucoup cette idée (qui lui semble rare) de textes associés aux peintures. Je lui parle de mon envie (un peu tuée maintenant) de livre textes-images avec les « têtes de rien » déjà entamée sur mon site, mais qui n’a (comme très-trop souvent ?) suscité aucun intérêt. Nous causons art, littérature etc … sera le seul échange « adulte » de la semaine qui touche un peu à « l’Art ». Fait presque drôle. Elle me donne ses coordonnées. Elle va lire mon livre. Elle vit à Londres mais passe ses vacances chez sa tante avec ses cousin au Val-André. Grande maison familiale, je suppose.

Chronique d’une expo pQf.

Épilogue :

 

Entendu pendant cette semaine : « bariolé » « oppressant » « curieux » « bravo » « triste » « rigolo ».

 

Gag : 2 personnes (éblouis, ivres, impressionnés ?) se prennent la vitre de plein pied, plein nez.

 

Pas vendu. Malgré le spa luxe juste à côté, les Porsche ou Ferrari (immatriculé 22) garées pas loin, le riche me boude sévère. Je dois faire partie des rares à n’avoir pas vendu dans cet espace. Toujours entendu des artistes satisfaits d’avoir investi ce lieu. Certes, avec peut-être un travail plus ludique (la précédentes et ses dessins enfantins) ou/et décoratif, vues de la région etc. N'empêche.

 

J’y comptais, autant pour les énormes sorties sous de la rentrée que pour mon mental, un renouveau attendu, espéré. Un petite lueur. Comme d’hab’, j’y croyais trop… Avec ma forte expérience de l’expo ratée, je m’aperçois que l'effet est tout autant sinon de plus en plus extrêmement violent sur moi. Ridicule en soi, je comprends bien, pour mon entourage, mais… pourtant. Seule ma soeur qui connait ça du début, de mon 1er essai de publication vers 18 ans, elle toujours très enthousiaste presque autant déçu que moi, pourrait encore saisir ... ce que je ne saisis plus.

 

La répétition n’amortit pas le choc. Bien au contraire, cela s’amplifie. Son engagement, la préparation pendant des mois, comment je me filme et refilme l'expo avant cette semaine, l’attente de cette salle plusieurs années, ce que l’on expose, de soi dans un travail de longue haleine, sur des émotions … ultra-intimes. Avec des remontées en surface des expériences précédentes, tout aussi lamentables. L’indifférence majoritaire. Tout prend une intensité … pénible.  Retour bâton costaud. Celui de trop ? Du bleu. Bleu de prusse, évidemment …

 

Connement, j’ai perdu coordonnées de la publisher de Londres. La vieille dame qui a visité les "camp de la mort" n'est pas repassée avec ses lunettes (plusieurs fois passée et repassée devant l'espace sans rentrer). Les petites filles avec leur mamie m'ont dit "bonjour" avec un grand sourire à chaque fois que je les ai croisé sur la digue (plus polies que les vieux du coin).

 

 

Moi en plein chaos ...

Moi en plein chaos ...

conclusion :

 

Plus qu’à m’accrocher à mon petit noyau d’être, de vie, au flou de mon souffle. Qui, en aparté, toute petite voix, me dit que … et même si le seul à entendre, j’espère que cela me suffira pour tenir mon cap. Tant de choses encore à explorer … sûrement.

 
Chronique d’une expo pQf.

Et voilà, c'était L'Expo au Val-André (une semaine) « salle des régates » rétrospective 33 années de peinture (en toute discrétion)

 

L'expo comme le travail aura été "en toute discrétion" ... c'est cohérent.

 
Après moi, qui expose ...

Après moi, qui expose ...

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