Chute - chut !
Et je me vois vieillir – cheveux blancs, gris, rides qui prennent la poussière et mes yeux qui piquent, mes yeux qui ne tiennent plus mon regard – Et je me sens vieillir – je nage moins loin, moins vite, mou - je prends la tasse de chlore, je perds le goût du sel - je flotte un peu et je dérive beaucoup – Je baigne dans tellement rien – J’ai mal, souvent, petit à petit, de plus en plus – je me vois disparaître – maintenant, m’en tape de paraître – Déjà que… avant – Je me sens me vider de mes envies, l’une après l’autre, des bulles qui éclatent, PIFF PAFF, envie de faire, envie d’aimer, envie de prendre et envie de donner, envie d’envies, envie d’être – Je me vois mal ressentir, et je ressens combien je vois myope - Mes yeux me brûlent – En feu mes sentiments, impressions intuitions artifices – en cendre mon ami, mes amours, des espérances béquilles et une chiée d’illusions, des vulgaires ou des magiques. Me fait tousser noir, la cendre plein ma viande – Je dors mal sur mon étal – je vois le boucher sur le tranchant du couteau – avec des yeux de poisson mort, gluants, et les babines noyées de bave – je ressens le vide dedans, et tout qui bouge autour – ne me concerne plus.
Je vois Monet se battre contre la matière de la couleur, les yeux opérés explosés – Voit-il comme je vois ? Comme je ressens tout ça ? – Dans son atelier - il ne veut rien lâcher des nymphéas – il ne veut pas finir - Clémenceau lui trouve l’orangerie – Il faut la faux pour voir les nymphéas en place - Il faut le temps, beaucoup d’espace intérieur, pour que j’y trouve ma place – Et, assis dans la salle, seul, je vois tellement bien ce que je pourrais ressentir - Et, peut-être ? - Peut-être un peu, une envie de partir ? – Ou, d’écrire ? – Pas un mot à dire, à qui ? Pas un mot que je prononce - Ecrire sans bien voir quoi, ce que je ne ressens plus tout à fait.