Le monument à l’artiste inconnu.
Œuvre d’essence (super-bio) pQf.
Voilà : plus les sous pour peindre, créer. Et plus l’envie ? Plus de 30 ans que je fais l’artiste, sans le diplôme, ni reconnaissance, en manque de temps et d’espace, qui bricolent ses idées et ses délires. Qui ne cherchent pas ou trop mal, à reculons, les honneurs et une richesse quelconque. Genre pas motivé par la revanche, qui ne combat pas son Matisse perso ou pas de papa à tuer à coup de pigeon. Orgueil dans les chaussettes. Qui n’a rien à prouver, à personne… qu’à soi-même.
(sauf au tout début, sans doute, à mon papa que je voyais comme « l’étalon-artiste » et le désir amoureux de lui détourner son regard de son ego, vers le mien…pour in fine, lui soutirer un compliment. Ou aussi, jusqu’à sa mort, pour faire plaisir à ma sœur, rendre hommage à son soutien indéfectible et enthousiaste, sa participation parfois quand j’écrivais avec des velléités d’écritures singulières).
Non. Mes mots, mes couleurs, mon temps élastique et pathétique de vie-création, n’étaient que du plaisir, un besoin, une envie, ma nécessité. D’une sincérité totale et doué de moyens bancals, pourvu d’une maladresse absolue, me suis dépensé sans compter, ai tout dépensé et dilapidé de moi. Avec toujours beaucoup d’appétit et de gâchis en toute préméditations des nombreux crimes (esthétiques et académiques) commis. Parfois au détriment des autres dans mon autre vie. Désolé !
Je me crois de toujours une sorte d’artiste (pas le mot juste). Dégénéré ou autiste ? Hors-piste et hors-cadre, un explorateur de la vie, dans les circonvolutions de son cœur, battant, sa création perpétuelle et quasi folle, nature. Voyage déglingué dans un imaginaire du Flou. Aucune certitude, là, bouillonnant, le chaos, où tout est supposé, d’équilibre précaire, les lois axiomes et théorèmes toujours incertains et fluctuants. Vibration, en mouvement. Beaucoup de casse, d’erreurs, du merveilleux et quelques sublimes saillies. Orgasme de sorcier avec sa muse. Qui n’a aucun but, aucun sens, pas de pochette surprise, ni graal, ni dieu, pas de fin hormis la mienne. Feu-pQf.
Que « faire » de plus, pour quoi faire ? pQf ? Pourquoi faire ? Je vais me cadrer donc, rien qu’une fois. Une bonne fois pour toute. Me coller à ce marché, de dupes. Et conceptuellement, fabriquer-usiner ma dernière « installation ».
Tout détruire de moi, cet inconnu et tout son bagage pQf, si flou, de plus en plus flou. Faire feu sur cet ego qui ne cadre pas.
Pour se « faire », je médite et complote un autodafé. Ou façon Viking, avec tout mon fatras d’artiste inconnu, me torcher sur un navire - de papier plié ? – moi qui me consume dans mon oeuvre. Mais, plus probable que nous coulions avant que le feu nous lèche. Ou sur terre, façon Jeanne d’Arc ou fête de la Saint-Jean ? Mais me plaît moins… je crains le four.
Ou pas d’autodafé à proprement parlé-écrit-pensé,
et
autre référence avec moins de cendres, je me lance dans le mandala occidental, contemporain. Je me bricole une échelle pour accéder à mon septième ciel, échafaudage vers mon nuage. A clouer façon Bashung. Un nirvana intime. Mon oeuvre que je réduis en poudre. Peindre à rebours, mon œuvre à l’envers. Et, je ponce tout à ma machine (une Boch que je traîne avec moi depuis plus de vingt ans, fidèle et solide qui supporte tous mes caprices ou nécessités d’artiste exigent qui peint et repeint couche après couche) avec du gros-grain. Bien sûr, au vue de la quantité à poncer, gommer, je crains que la machine explose avant que je finisse cette œuvre ultime. Prévoir un investissement avant terme, un appel de fond pour toucher le fond de l’œuvre ? Le bois de la bière et sa veine.
Ou parfois encore, jusqu’à la toile marouflée ou pas sur le bois, du linceul. Un tissu de vie que je pensais voile. Prendre le vent. Une échappée-belle. Au fond du trou, je déchante.
J’ai déjà testé, la semaine passée encore, sur un vieux plancher. Techniquement, cela tient la route, la sente. Je peux faire place nette et libérer le bois du pigment, des huiles et onguents, essence et flatulences artistiques. Toute la matière réduite en poussière dans un sac via le tuyau idoine, digérée, tout qui tombe dans une urne. Urne à réfléchir. Symbole crétin à définir pour que l’expert y reconnaisse le talent, patenté. Dimension encore imprécise. Et pourquoi pas : la flamme d’une bougie par-dessus pour allumer ou chauffer les consciences ? Pour le décorum et le toc. Pour l’émotion que je caricature, blasphème… floute. Flamme à souffler. Pour matérialiser l’oubli de rien, puisque rien à oublier. Le « monument à l’artiste inconnu ».
J’en ferai don à l’Art Belge, son état, plus à même qu’en France d’apprécier ce travail à rebours, destructeur, douloureux. Sacrificiel ? Ou gag de l’existence = Méta-gag qu’on pioche dans les paradigmes pQf. Majestueux au possible ? Et qui ne se la pète pas, quelque part… Vanité par le négatif, avec contraste maximum. Un travail (musclé, car poncer autant va demander de la santé) en l’honneur de tous mes semblables disparus, légions d’artistes inconnus dont les œuvres ont fini dans des greniers et caves, à pourrir. Parfois, un dernier tableau, toile crevée, couleurs grisées, paysage désuet ou abstraction de guingois qui traine de génération en génération jusqu’à extinction, sur le mur d’un fond de couloir où le parent éloigné oublie, bêtement, de changer l’ampoule grillée. Dans l’idéal, je souhaiterais que ce travail monstrueux se situe dans une salle adjacente à la machine à merde de l’artiste belge Wim Delvoye, de ma génération. Merdique ? A l’état Belge ou, à la ville d’Oupeye en Wallonie ? je me tâte…
À ma disposition, quelques centaines de tableaux. J’ai pas compté, encore, mais avant le ponçage en masse, je souhaite inventorier, lister, pour qu’un papier (plié en bateau) trace, au pied de l’urne, ce qu’elle contient en mémoire. Mémoire qui navigue et dérive. Cela suffira bien comme ça. Un gros sac ou boite de poussière. Pas de signature, évidemment.
Plus qu’à tout poncer. Tout effacer de moi. Moi ?
Blabla possible pour inauguration :
« L’art décore l’Histoire des guerres, du pouvoir politique, le jeu des cartes et des frontières, pions et dés d’un vaste monopoly. Un art choisi par ceux qui dirigent l’Histoire. Un art qui les flatte, les raconte jusqu’au mythe, leur assure un podium puis un sanctuaire. L’élite et ses dynasties. Hier comme aujourd’hui, rien ne change sinon se nuance. Un choix qui se calque sur ce jeu d’enfants pourris gâtés, indigents de l’imaginaire, qui se gavent pour chasser leur ennui. À leurs bottes cloutées ou souliers vernis, des armées soumises ou hypnotisés, humanités prisonnières d’illusions nationalistes, religieuses ou autres, qui s’entretuent par le sang ou autrement pour quelques enfants à barbes, moustaches ou rasés de près. Le monument du soldat inconnu n’est pas un hommage à cet « inconnu » tué et sans nom, tué pour le confort d’un puissant, mais à bien y réfléchir, le constat d’injustice pleine de barbarie qui fait toute la cohérence de notre société.
Cette œuvre, ce monument non monumental, contient un artiste pas disparu, puisque jamais apparu. Comme tellement d’autres, armées d’artistes totalement inconnus qui se sont cassés le nez, la santé, une vie, l’estime de leurs proches, contre le marché de l’art, l’institution et tous ses lieux communs, l’intellect difforme connecté au vide, bloqué dans l’estomac de notre Duchamp international. Tout cet « art » faisandé par un blabla incontinent. Qui est plein nos écoles et la tête de nos artistes en devenir, ou déjà bien trop devenus façon requin pourri dans son bocal, papier peint de haricots géants etc. Un art de surface, de réclame, de bons mots, chic ou qui choque, juste sur les bords en stuc. Du cadre. Un art qui se contient, art cannibale qui se nourrit de ses propres déchets, figé, élitiste. Cirage des pompes vernies ou cloutées.
Voilà mon hommage muet à ceux-là, au fond, très flous, ne se devinent même pas. Des flopées d’artistes, géniaux ou pas du tout - si le génie existe - du talent ou aucun, savoir faire ou pas du tout, une calamité, un attentat au bon goût du moment, simples artisans ou créateurs démoniaques, hors gabarit, de tout et n’importe quoi. Mais souvent, très souvent, dans ce tas d’égos on découvre de l’authenticité quand au bout du bout, ils ne lâchèrent pas l’affaire. Certains ou certaines firent surface, presque par accident. Les musées les consacrent post-mortem. Quant aux autres, donc, ce monument y fera allusion. Brouillon, ébauche, à leur image. Illusion Floue et générale de leur donner un poil d’existence… floutée et diluée.
Vive l’Art ! (Quant il débouche les esprits… fait courant, d’air, dans les têtes.) »
Pas top. Mais c’est un début crayonné sur un coin d’ordi sous le label d’un blog qui blague. Et puis… D’ici que je termine mon inventaire… que j’obtienne le feu-vert du ministère des beaux-arts Belges (ou d’Oupeye ?) pour le musée et mon espace auprès de Wim, auprès duquel j’espère obtenir le soutien et le parrainage officiel, solidaire dans notre delirium très-grosse, sa crotte de cœur accrochée à mes dédicaces, d’ici que je me débarrasse de mes projets actuels, et qui m’obsèdent, me polluent les méninges et la vie, ma vie actuelle stagnante et cadrée, projets tous à l’état d’embryon mental et déjà évoqué dans des articles précédents dans le ci-présent blog. Dont ce travail sur la mémoire intime-universelle quand tendre et poilue, ousonne, en 4 panneaux 90x90 (quatre fois) avec pour refrain et mélodie de fond une photo surannée, moi bébé et mon premier ourson entouré de ma soeur et de ma mère, disparues, presque comme la peluche, retrouvée mais gravement abîmée, comme moi, etc… et cette série sur bateaux papier pliés, sur des restes de tableaux sortis de mon passé suite au regroupement en un seul lieu de tous mes… etc aussi.
Oui. Possible finalement, tout autant, que j’en reste là : nulle part. Flop d’un bout à l’autre de mon gag perso. Noyé dans une flaque de blabla.
En attendant que je patauge ailleurs que dans ma flaque : j’accepte tous les dons, chèques et espèces, euros dollars yens francs suisses (pas CFA) pour le financement du « monument à l’artiste inconnu » (un bateau papier plié pour les donateurs et mécènes les plus généreux fixé à la stèle-urne)
Possible urne, pour mon monument non monumental à l'artiste inconnu (en +, ferait référence-clin-d'oeil au maître Duchamp. Ce qui plaira beaucoup aux experts de l'Art) ça traîne dans ma rue depuis 15 jours. Il y a Paris, et Paris...
Mes tout débuts...