Comme une question de survie, parce que je m’asphyxie. Survie pour de vraie, parce que je sais que je suis un tout, handicapé « gravement » par ma nature entière. Tout cassé par la vie, je dois me rassembler avant de trouver le juste remède, la bonne colle.
Mes 30 années de peinture, dessins et gribouillages, assemblages d’idées et d’émotions meublés avec mes « têtes de rien » et autres fantaisies, mes écritures avec pour fond, la base, mes inspirations, mes préférences littéraires et picturales, musiques et cinéma, espace de vie et de temps qui me cadre large et flou, les gens que j’aime et qui m’apprécient comme je suis. Dans mon cadre de vie, libre de créer.
(Plus de temps à perdre à plaire avec ce que je ne suis pas, à me vendre, à vouloir réussir comme les autres voient la réussite, à gagner ce qui de toute façon sera perdu.)
Rassembler et ranger dans ma tête et physiquement. Vendre serait bien. Pour racheter des tubes de la toile du bois et des brosses, des huiles et résines... et du temps de création. Qui chez moi, s'associe toujours à un temps de contemplation, d'exercice jubilatoire d'admiration. Une méditation toute pQf, d'un flou instinctif... revitalisant.
Eparpiller. Pour me recentrer.
Autre vision de l'Eden, acrobatique... c'est parti d'un Brueghel associé à Rubens, je crois me souvenir (de velour, ou l'ancien, Yan : yen a plein au Prado. Pas mon préféré, ni Rubens, mais une source pour un délire intime)
Usine. Sur toile. Quand j'étais en plein dedans. Me fascinait (surtout la nuit, je trouvais ça magnifique) et en même temps... d'une puanteur. La poésie dans le grand écart d'émotions et sensations inverses.
La matière temps se dilapide. Pas dans un sablier ou les chiffres d'un calendrier, mais dans l’ennui d’une vie quand elle chausse mal. Un chemin à vous torturer les pieds, vous gâcher la vie avec un souci grossier qui vous bouffe la tête. Je ne suis pas chrétien, la souffrance et le sacrifice ne me semblent pas indispensables.
Et pour moi, rien ne sert de soigner le corps, quand l'esprit se décompose. Je ne veux pas mesurer ma vie pas avec du temps. La vie ne se mesure pas. Ne tient que dans l'instant. L'intensité de cet instant. Sa dose de merveilleux, sa magie. Ou sa grâce.
D'après un fameux Jan Van Eyk, les époux Arnolfini. Les craquelures sont d'origine = exprès. Essai de glacis instable qui se stabilise depuis. Puis, une variation de la "migration ordinaire" (en petit format - idée plus serrée)
MOnk. Le toucher du piano que je préfère, quand trébuche, glisse, se rattrape in extremis. Et puis moi, quand je m'espérais. Puis face au coq.
Sans doute, faut-il arrêter de tout mesurer avec de l’étalon, tout étalonner. Donner de la marge aux chiffres et du flou à l’être. Oublier la compétitivité.
Cela me fait quand même drôle de voir et revoir tout ce travail, qui n'existe quasiment plus qu'en octet. Toute cette matière, épaisse, d'être, que j'ai volé au temps, ma vie. Comme une momification de ma trace. Ou de presque moi. Créer pour renaître, un peu, indéfiniment. Créer tant qu'on peut pour compenser ce qui disparaît.
Je vends au prix galerie PQF (sur site)
mais si vous proposez un autre prix qui me semble raisonnable...
Le tableau n'est parfois pas qu'une toile avec de la peinture dessus. Un objet de consommation. En estimer une valeur est un exercice d'humanité, d'échange, qui appartient à l'histoire du tableau. Une patine. Je vends mal, ou pas, à des gens que je n'estime pas.
Un mouvement artistique innovant ? Un mouvement Poétique, moins quantique que Flou. Le mouvement PQF, anartiste qui bouscule, ponctue, questionne.
Lien directe vers la GALERIE pQf pour yeuter mes vieilleries.
Je commence cette série à partir d'un Soutine... ou non. Me souviens plus. Je vois le tableau. Mais son auteur m'échappe, là.
Comment aménager mon apnée en milieu comptable, étroit et non iodé, sous chape d’idées reçues. En milieu « gravement » délétère.
L’atelier – se l’approprier, l’aménager à mes mesures. Y ranger, classer ma peinture et mes écritures, et autres babioles créatives. Faire place nette, pour autre chose. Cinéma et musique pour habiller.
Réfléchir à cet « autre chose », le temps de cette apnée. Un cahier ? Dessus coller mes mots, des gribouillages, en vrac mais concentré. Qui ne doit plus prendre de place, que mentale et à l’abri du bruit alentour. Un sous-marin, autant dessous, loin dessous, que marin, très marin.
Écrire et finir ce qui traîne dans la mémoire de mon (déja vieux) mac. M’en débarrasser avec le plus d’élégance possible, de soin, de justesse. Ne plus être dans ce souci d’une écriture nette. Et narrative. Prendre le temps et créer avec, jouer de son élasticité. Pour juste écrire dans ma tessiture, avec la bonne armure de clés sans bémol ni dièse pour altérer ma voix. Armure vide livrée à tous les vents et toutes les énergies, courants d’air pour sécher les plaies.
Hors le comptable et le superflu, ne pas m’imposer de cadre, de règle. Tricher a minima. M’accorder des bouffées d’air, de moi hors le temps et ici. Des échappées dans ma vérité intime, quitte à m’y perdre. Me faire confiance, ou plus exactement, faire confiance à la vie.
Quoi encore ?
Ou, rien de tout cela.
Tout brûler ou léguer à une fosse commune cette tentative d'art. Hier, c'est fini. Et regarder, TV, passionnément la coupe du monde, foot. En me liquidant au picon bière (j'adore le picon bière que m'a fait découvrir il y a peu mon beauf préféré). Et tout oublier de moi... qui n'est pas déjà oublié.
Période de 2001 à 2006 dans mon atelier-cuisine-salle-à-manger-et-de-bain-bibliothèque-chambre de Versailles.
Tous les tableaux de ce blog précèdent la disparition de mon papa (2000), plus tout à fait entier après son retour cata de la Ciotat (juste avant une série d'avc)
Période tableaux avec sa peinture blanche, une trouvaille industrielle à lui dont je lui volais les pots qu'il n'utilisait plus. Un truc acrylique qui était élastique avec de l'épaisseur.
Après lui, parti, je libère mes brosses de leur gangue de crasse et poussières (une année plus tard, ou plus ?) avec une petite série abstraite où je vide ses tubes, à lui, bleu de prusse et sienne brûlée. Les fondamentaux de sa peinture.
Puis, bien plus tard, avec mes couleurs, une paire de chaussure (clin d'yeux à Vincent). Puis, la série des pieds... se remettre debout. Je commence par le bas. Par la trace et l'empreinte.