dimanche

Je regarde le ciel, longtemps, écoute, distrait, la radio, p’ti-dej à mon goût, salé. Des pensées à la volée, toutes de traviole, que j’auto-tamponne. Envie de rien, ou de ce qui m’était Tout : peindre-écrire, créer, le bouillonnement de mon imaginaire où j’appréciais l'apnée, la perte de sens et de moi, échappée-belle dans un inconnu total … Des doutes en pagaille qui engendraient le tremblement de l’être. Le substrat de vie.

Ce Tout que je sens, s’éloigne de ma réalité, de mes capacités. Vieillir, ce n’est pas que le corps. Tout pareil que le travail sur le corps au quotidien, l’esprit prend grave, s’ampute de ceci cela, et le temps raye, gomme ce que j’étais (que plus personne ne sait, ne connait ni reconnaît, ce qui crée en moi un sentiment de solitude tout neuf, et puissant. Pénible et prégnante). 

Mes seuls soucis sont tous d’un profond ennui. Matériel, pour payer ça ou ceci alors que plus le sous, le job qui sera là ou pas à la fin d’un Xièm CDD, la retraite trop loin, trop proche. La peur de perdre le toit, la raison. Un corps qui s’abime, frustré, nostalgique, fatigué. Des absences, mortelles, qui pèsent de plus en plus lourd. Voilà, ma tête bien polluée, mazoutée, rouillé. 

Source, torrent, puis rivière, plus que des alluvions, des rives nettoyées. Et, l’envie devient songe, rêvasseries d’un dimanche matin … Et je regarde la mer. Dilués : esprit ego songe, passé et présent. J’oublie, perdu et à l’abri dans ce temps suspendu, un instant, la peine et l’ennui.