Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

dead man

 

 

 

Assis sur une pierre lisse de grès rose, plage du Lourtuais, je regarde la mer comme un mur ? Une fin.

 

 

 

dead man

 

 

 

Le spectacle d’une fin intime dans une nature débordante de créativité, sans fin. Ce moment me fait penser à ce film de Jim Jarmusch, « Dead man » 1995, vu la 1er fois au Linder/Paris, un 26 mai (Pas revu depuis, jusqu’à aujourd’hui, samedi 21 octobre 2023, loin de Lourtuais). Pas loin de l’Opera. Seul, encore plaqué par ma moitié. Une salle noire dotée d’un super écran, magique, en courbe, avec LE super son pour magnifier le travail de Neil Young.

 

 

 

dead man

 

 

 

Samedi, je finis mon jour avec « dead man » de Jim Jarmusch.  Très très longtemps que je voulais revoir ce film.  Sans oser … Ce voyage vers une pirogue de « fin », sur la mer, horizon sur un fondu noir (signature du cinéaste) et,  qui aura commencé au terminus d’une gare dans une ville de feu et métal au fin fond du détritus humain. Ville au nom étrange de « Machine ».

 

 

 

dead man

 

 

Depp à la fois comptable (bien avant qu’il devienne pirate déjanté) et William Blake, qui selon l’indien, Nobordy, est l’esprit réincarné du poète et peintre … et, qualité 1er à ses yeux (un poil ou d’une plume, extralucides), un tueur de blancs.

 

 

dead man

 

 

 

Ce film ne me quitte pas (depuis 1995), pas loin de la surface, toujours, à portée d’une courte plongée. Là, où encore la lumière perce la mémoire. Un truc d’Art comme ça, au poil, super bien foutu, alliage comme j’aime. Un réalisateur qui se creuse les méninges aux bons endroits, des acteurs d’exception qui aiment « jouer », un vrai compositeur pour une bande son tirée au cordeau, une photo n&b qui place et marrie essentiel et superflu avec la minutie du poète.  Il y a le grain de ce son, le grain de l’image n&b, chimique (pas numérique). Une vibration qui ne quitte pas le fil, d’une narration, ou décousue ou à l’envers. Ou autre chose … qui tient du je-ne-sais-quoi. Et, un gros grain de folie, qui gratte le cerveau. Quand le truc puzzle (du verbe puzzler) ici ou là avec votre vie, juste sur le fil-temps du tricot, alors, forcément, c’est cadeau. Emballage spectaculaire. M’emballe tout entier. Je sors de la salle, comme aujourd’hui de mon petit écran, fasciné. Différemment d’un petit écran. La vie rétrécit tout. Les années ont filé. Les morts. Les regrets. Quelques joies, bulles de savons. Beaucoup de frustration. État d’intensité et fébrilité ? Émerveillé et assommé. Ou encore, ensorcelé ? Tatoué, marqué, somnambulé ? Je ne sais pas dire, en fait, hier comme aujourd’hui. Si peut se dire ? 

 

 

 

dead man
dead man
dead man

 

 

D’autres films m’ont fait ça, peu de films dans la masse ingurgitée. Plus ou moins intensément, avec des variantes émotives. Palette de couleurs-sentiments.

 

 

dead man
dead man
dead man

 

 

(ex : « un dimanche à la campagne » Bertrand Tavernier, le « feu follet » et « le Voleur » Louis Malle, « l’auberge espagnole » et « chacun cherche son chat » Cédric Klapisch, « l’homme de Rio » Phillipe de Broca, « Ed Wood » Tim Burton, « les vikings » Richard Fleischer, « little big man » Arthur Man, les « 400 coup » François Truffaut, « Amarcord » Federico Fellini, « Mr Turner » Mike Leigh, « comme un avion » Bruno Podalydès, « Au loin s’en vont les nuages » et « Leningrad cowboys go to America » d’Aki Kaurismaki, « les yeux noirs » de Nikita Mikhalkov (musique de Francis Lai), « la part des anges » et « Looking for Eric » de Ken Loach etc + etc, m’en manque un tas, toute une panoplie d’images-sons-fictions qui accompagne mon musée intime, de peintures, littérature, musiques, un bric-à-brac-d’art pour créer ma cohésion de vie. Mon musée-refuge et mon potager-mémoire).

 

 

dead man
dead man

 

 

Dead man, tout me « parle », fait échos, ricoche et écorche, et du coup, me trouble. Hier, et encore là.

 

 

dead man

 

 

 

L’accident con qui bouleverse la vie toute entière :

une femme, ex-péripatéticienne - « pute » dans le film - qui vend des fleurs en papier avec ce rêve de leur associer chacune un parfum français et, pas de bol, romance vite raccourcie, vous place juste sur le chemin d’une balle, de son feu et métal, la tue et la traverse avant d’échouer près de votre cœur. Inopérable.

 

 

Un truc con. Tout con ...

 

 

 

Le truc con et sans retour, sans réparation possible. La gaffe qui gâche tout, et rien. On dirait que tout est dit-filmé là-dedans, d’un presque moi, miroir déformant et, gag. Méta-gag (concept pQf).

 

Façon William Blake (poète et peintre - à découvrir si pas déjà fait) qui fusionne, mal, dans le comptable (tueur de blancs de mauvaise rencontre en mauvaise rencontre). Avec au bout, donc, la mer …

 

 

 

dead man
dead man

 

 

 

Une pirogue magique comme un drakkar. La mort, ou, ce qui ne peut pas porter de nom (n’existe pas pour le vivant qui s’invente mille inepties pour s’échapper de cette pensée, et, existe bien chez « les autres » qui disparaissent).

 

 

 

("Les Vikings" - 1958 - Richard Fleischer. Avec kirk Douglas et Tony Curtis. Tourné pour son final tout près de la plage de Lourtuais, au Fort La Latte, château de la Roche Goyon.)

 

 

 

dead man

 

 

 

Né à Boulogne-Billancourt, dans un bois, LE bois, souvent j’imagine ma vie dans cette jungle qui, pour moi, de toujours, sont les autres. Sur cette rivière, ce courant d’eau et d’espérance - la Seine, scène de vie ? - pour finir sur la mer, Boulogne-sur-mer bien sûr, au bout du bout ? Fin du fil, du film.

 

 

 

Gamin, je parlais déjà à des Indiens (d’Amérique, qui montent les dadas à cru) imaginaires, dont j’inventais les tribus, ou pas (lectures très ciblées), des rites et des aventures exclusivement délirantes. Noms rigolos, imagés. C’était ou l’indien à dada, en pirogue, ou le viking sur son drakkar façon Achab, ou l’astronaute qui chevauchait les galaxies dans son engin quantique accompagné d’animaux façon Noé.

 

Et quand ado je croise une indienne de la tribu micmac (peuples algonquiens), alors, comment ne pas croire au possible mix de ma fantaisie avec ma vie, de l' imaginaire qui nourrit une réalité ?

 

 

 

dead man

 

 

 

La mer, le ciel. L’eau dans le ciel, le ciel qui flotte sur la mer. Et parfois la confusion quand une brume épaisse sur la plage (du Lourtuais ?).  

 

 

Déjà, j’aurais dû et pu me deviner « comptable », juste assez, en superficie, pour pouvoir tenir sur terre, comme des boulets aux pieds pour ne pas évaporer mon être en déconstruction perpétuelle.

 

 

 

Dead man, un être transparent qui disparait avant d’apparaitre. Sur le fil de l’eau, d’un blabla d’indien fantôme, « personne » (in french).

 

Comptable au nom de poète, homonyme. Un poète GB doté d’une « reconnaissance », doué du crayon et des mots le plus souvent délirant pour le commun mortel.

 

 

Déjà, enfant, je ne collais pas aux modèles, aux puzzles société, communauté, famille. Je devais créer, pour survivre. Nature. Mais créer sans reconnaissance … finalement, comptable, pas mieux possible. Transparent comme Depp-comptable (et insondable) dans ce film de « cowboy » déstructuré.

 

Voyage entre fantômes, de chair et d’os, qui saignent, blessés. Voyage dans un bois, N&B, vers la mer et une pirogue, d’indien ou/et de viking.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La poésie me sauve de l’absurde.

 

Créer m’abrite de la bêtise.

 

Aimer sans but me délivre de la peur.

 

Ma différence me fait oublier l’ennui. Le comptable … espère de toujours la rencontre de son « Nobordy » (= sans corps) intime et, à plumes.

 

 

 

 

"Dead Man" - Jim Jarmusch - Date sortie le 26 mai 1995 - musique Neil Young.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :