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Artiste ?

Artiste ?

 

Drôle d’idée, de mot, d’état. Trop de mots qui déjà existent pour dire peu. Pour définir la marge, une normalité et ses anomalies. Parce qu'en définitive, qui sait vraiment pourquoi et de quoi se fait tout cela chez l’humain, de son premier essai dans une caverne sans lumière, presque pour déjà se cacher ou pour faire son malin ? Pour appeler à l’aide, à la nature, à un dieu, une mémoire ? Pour faire l'incruste. Dire clairement sa vanité, sans posséder encore le mot à prononcer. Parce que l’envie, une envie soudaine et irrépressible d’exprimer, qui déborde de sa tête, comme cela et pas autrement ?

 

Je vais essayer de dire, maintenant que débarrassé de moi-artiste, de retour de voyage, ce qui me semble de ce moi-rêvé. Moi qui singe l'Artiste. Au début, je pense, la vision de mon papa au-dessus de sa toile ou de sa planche à dessin. Jamais droit face à une verticale vierge, mais au-dessus, qui réfléchit longuement, presque toujours indécis, qui surplombe et se creuse les méninges jusqu’à dégainer son trait, sa couleur et son épaisseur, lâcher la matière. Toute la matière de son être, comme j’aime penser une œuvre, un travail « d’artiste ».

Artiste ?

J’ai loupé mon papa autant qu’il m’aura loupé, mais je garde cette vision bien claire qui raye profond mon noyau d’être, à moi. Qui se répète, à peine audible, qui se répète. Rayé quoi...

 

Il faut préciser que mon papa, quand pas dans cet état second de création, c’était pas vraiment un bonze. Mais définitivement un colérique, hors les gonds, une rivière tourmentée. Au coeur du tourbillon : Un passé familial bien pourri, un cauchemar de surface qu’il traîne sans en définir la forme. Un méchant machin qui le bouffe, lui, et dont il fait profiter tout son entourage , nous, quand ça va mal. Quand le souci, le tracas, viennent perturber le courant naturel de sa vie. Et je suis né en plein ce tourment. Maelstrum à deux pattes. En plein cette panique. 

Alors… quand lui au-dessus de… je voyais bien que c’était le pied pour lui. Je ne savais pas où il voyageait. Mais je voyais qu’il voyageait loin, très loin et que c’était bien, super bien. De suite, j’ai pris son papier, ses feutres, qu’il m’a laissé prendre. Et j’ai gribouillé, colorié, des formes des mots plein d’histoires et idées, pensées naissantes ou difformes, impression ou émotions, tout ce qui me traverse transperce et me transforme et me construit et me détruit, et plus jamais arrêter de… jusqu’à peu.

Artiste ?

Et puis j’ai découvert, appris, rencontré, tous les autres « artistes » pour lesquels je me suis pris d’affection et plus que cela. A travers leur travail, les traces et leurs mémoires. Aimé et comme trouvé mes semblables, des confidents. Je peux parler à un tableau ou à un texte, comme pour m’adresser à celui qui a peint ou écrit… C’est fou pour le commun mortel, mais appartient à ma normalité intime. Comme je parle à une plage un oiseau un arbre avec pour seul créateur, la nature, la vie. Je parle à la vie, comme pour tenter de lui soutirer une réponse, des pensées, un indice. Des tuyaux entre artistes, entre créateurs "fous". Vincent comme Rembrandt, ou un bord de mer qui m’aura choisi, me disent tellement de choses qui m’aident – parfois, parfois pas – à vivre. Ce n’est pas une réponse claire à une question scientifique, à un calcul mathématique, pas une réponse religieuse dure et définitive. Non. C’est flou. Flou beau poétique, irradiant. Un merveilleux et pas de paillettes, là-dedans la pile, l'énergie autant solaire que saturée d’abysses. Indéfinissable mais qui me tient à la tête, longtemps. Ou hors le temps et mes cadres. 

Artiste ?

Artiste ? Je ne sais pas. Mais déjà une idée qui tient de ça…

Artiste ?

Être artiste, créer. Des péripéties d’un voyage extraordinaire, intérieur et lointain et qu’importe le mode de transport, le support. Peinture écriture vidéo installation, le conceptuel visuel ou pas, tout dans le nez les oreilles ou les mains, le goût. Le support est un effet de mode. Un choix de marché et de marchand. Une entité d’époque qui colle au temps, et donc, ne tient pas à la part d’art et de création, hors le temps. Le temps qui n’est que matière, une matière parmi d’autres pour un créateur.

 

Toujours partir avec aucune destination en vue, au nez, à la boussole interne et son instinct, avec presque le souci de se perdre. Avec confiance. Faire confiance à la vie plus qu'à soi encore. Se perdre soi et son équilibre, perdre tout pour pouvoir tout trouver, découvrir, l’esprit libre, la tête vide et disponible. Reviendra, reviendra pas ? Et dans quel état ? Abîmé ou changé. Jamais indemne. Pas grave. Même pas mort !

 

Et le plus souvent quand il y a un retour, personne sur le quai pour vous accueillir après le voyage, partager son trésor et ses découvertes. Un explorateur sans publicité ni sponsor, sinon, c’est tout autre chose. C’est Dali, Magritte, Koons, Hirst, accompagné par le marché le marchand le média, une mode un filon un pouvoir etc.

 

Autre chose.

 

De retour, dans et/ou le support, la trace du voyage extra-ordinaire loin de la marge sociale et des cadres, des chemins ordinaires et,

 

à la source de la vie, toute créative. 

Artiste ?

Mon travail : dans le coffre d’un tableau d’un livre, avec clé ou pas, des clés ou pas de serrure. Comme chez star-trek, un mode de télétransportation magique ou Péta-physique (mélange de pata et méta, et… de pétage de plomb) qui trace mon voyage et sa mémoire.

 

Quand je fais face à ce tableau qui n’est plus mon travail, plutôt un mode d’échappée-belle, je peux réussir parfois à reconstruire un morceau d’émotion, de sentiment, les bribes d’une histoire qui aura fait un peu mon voyage. Le trait créatif et ses péripéties. Un lien magique qui ne mène nulle part. Ou pas d’endroit précis dans cet espace et ce temps. Cette vie, ma vie. Seulement un lien flou et… qui m’anime - ou parfois, me réanime – encore, un peu. Quand je ne trouve plus mon souffle, quand je m’asphyxie.

 

( Lire Dosto, pour reprendre mon souffle qui est comme le sien, épileptique)

 

 

 

Artiste. À mon idée. Mon expérience de vie. Sûrement un être totalement barré, barré pour les autres. Enfin, à mon sens, plus dans le « juste » que beaucoup d’autres. 

 

(À mon sens moins barrés que des religieux dans les pattes d’un gourou ou d’une église, une parole de sang bouffée par leur intolérance, au ventre la peur de tout et de l’autre, de l’inconnu et des questions sans réponse. Des êtres barrés, pour avoir si peu de foi en la vie et pour en espérer une autre. Et pour se faire, branlante, l’inventer de toutes pièces, abracadabrantes.)

 

Mais qu’un sentiment… une intuition floue. Une croyance « folle » en la Vie. Un lien crée par le voyage vers rien et tout, sans vraie espérance, ni désespérance.

 

Dans le flux créatif de la vie, prêtée.

Artiste ?

Artiste. Ce n’est évidemment, donc, pas un métier. A peine un état d’esprit , une attitude de vie, ou encore, sorte de foi sans pathos ou cadre, foi en une liberté sans forme. Enfin un truc définitif qui vous prend la tête et le corps. Ma tête et mon corps. Tout s’incruste, vous tatoue de la tête au pied. Tatoué sans le trait, pas de trait visible sinon une trace, une œuvre, une mémoire dans le fond d’une caverne ou, dans le fond de mon placard et de mes tiroirs. A déménager. A brûler ?

 

Me voilà nu, sans l’artiste. Dépouillé de l'illusion. Je dois maintenant me trouver un nouvel habit, voire une nouvelle peau. Une cervelle neuve ? Pour finir le temps de vie. Le temps quand il nous colle au cadre. Même si je me sais pas cadrable (exprès, ce néolo n’est pas beau à entendre).

 

Comme je regrette maintenant d’être à ce point ça, tatoué, même si je sais que tout moi est dans cette idée et pas ailleurs. Je dois trouver… Je regrette donc d’être moi, quelque part ou nulle part. De devoir, aujourd’hui, tant que pas mieux, tricher à ce point pour exister encore… un « temps soit peu ». Enfin, possible que je ne trouve pas.

Artiste ?

Oui.

Mais :

pourquoi illustrer ce blog avec une fête d'école pleine d'anges ?

 

Clé perdue,

une particule temps dans le tuyau

Collision d'un espace l’autre

 

Un ange passe, 

Me cligne de l'oeil

Il pleut des larmes

Il pleut sur mon noyau rayé

Flou de bougé, mouillé

de la buée sur mes yeux

des traits qui rayent tout.

 

Un ange passe

Qui tient la main

De ma soeur

une école pleines d'enfants et

Sa dernière joie.

 

 

 

 

Ma soeur, seul et dernier témoin enthousiaste et fan, de moi quand... tout a commencé. Qui me quitte, avec moi dans sa valise ?

 

 

 

 

 

 

 

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Tag(s) : #Egarements sous contrôle
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