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bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Presque

 

Très jeune, j’ai failli être beau mais une chute m’interdit le sourire. Ça gâche un peu l’aspect général. Quelques ratés plus loin, je me protège autant que faire se peut, et peux pas toujours. Je n’apprends pas à tricher, car me manque le chromosome idoine. Jeune, j’ai failli être intelligent, sinon doué. Mais bien trop super distrait, je néglige et n’utilise pas mes facilités. Que nenni ! 

 

 

 

 

 

 

 

Idiot d'opinion, sans la conviction, le doute me gagne.

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

Et,

Déjà, trop préoccupé par mes émotions, toutes énormes qui me tsunamient à répétition ma tête, j’oublie d’apparaître. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis … et puis d’échec en échec, du fou au pion, je loupe tous les carrefours, pareil à un jillet geaune (titre d’un possible prochain récit-roman à ma sauce).

 

 

 

 

 

 

D’abord, j’ai failli devenir dessinateur. Alors que je rêvais d’être un indien un astronaute ou un viking, je crayonne des morceaux de BDs toutes habitées par mes rêves. Vite fanés. Je voulais tout mélanger, créer me cohésion intime. La ligne n'est pas claire, déjà floue. Je la perds en chemin. Failli ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

Par contre,

la palette pétante, je me prends d'affection pour la couleur. La lumière me fascine, comment elle circule, bouscule ... son flux, l'énergie. Presque, magique ? Peindre comme papa ? 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ado, je veux être photographe, poète, avant de me décider pour cinéaste. Fasciné, enthousiaste, je filme ma vie et projète sur fond de crâne. Failli car sans savoir quoi faire, les obstacles m’intimident. Et puis, la vie qui balaye, frotte, gomme, je faillis devenir peintre. Peintre et écrivain. Des tonnes de peintures et des kilomètres d’écritures. 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai sacrément failli, tout espéré. Beaucoup tenté, dépensé en amour-propre, espérances et sous. J’ai failli être riche, parce que Dosto, l’écrivain si slave qui échappe à la fois au peloton et au goulag, m’accapare l’esprit. Mais non … Presque, mais loupé, d’un poil de dada.

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par contre j’ai pas failli gagner quatre sous derrière un tas d’ordi, sous des néons et sous clim, sous verre, sous perfusion de bêtise. D'ennui malsain, parfois méchant, toujours acide et délétère. Je baigne encore dedans. Trop visqueux pour y nager, avancer. Je pratique le transport en boite de sardines. Des têtes mortes et la chair putride, le voyage ou la punition est sans fin façon Sisyphe.

 

 

 

Au centre névralgique du cadre, des cafards grignotent la matière grise, anthracite. 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus d’émotion, plus d’envie, plus de tempêtes à tsunamis, tremblements d’être. Le néant avant l’heure, avec son goût et tout.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je repense souvent à ce film, « vol au-dessus d’un nid de coucou » (1975 / Forman), vu gamin (bien trop jeune) avec ma sœur dans une salle de Saint-Jean-de-Monts, l’été. Film que depuis, je ne veux pas, ne peux pas revoir. L’ami indien qui tue le héros lobotomisé pour le sauver du vide. Au milieu du cadre, sous l’oreiller. L’indien « chef » qui, très symboliquement, brise le « cadre » et s’échappe juste avant le mot « fin ». Je n’aimais pas cette solution. Mais, j’ai failli … failli la comprendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maintenant, que j’ai beaucoup failli, que les jours vont passer dans mon bocal à poissons gris, je sais que mon cerveau va se vider de mes dernières vagues émotions, du dernier feu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(juste à peine rallumé, ultime tentative l’an passé du coup du « phénix », via un fou à pieds bleus. Échec et mat, diagonale dans le décor. Le souffle d’un RER, A, qui tue la flamme). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme dans le film, les électrodes à chiffres et octets vont me réduire à rien, avant le mot « fin ». Je ne connais pas d’indien. Je pourrais toujours regarder le ciel en attendant … Et, j’aurai donc, presque, « réussi ». Réussi quelque part, qui m’aura échappé … 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 autres films qui me « parlent » sur le sujet du « presque » : « Dead man » (1995, Jarmush) avec toujours un indien, et « Ed Wood » (1994, Burton).

 

Et, tant que j'y suis dans mon modeste conseil/film (pour une sélection française d'encore bien vivants) : tout regarder de B.Tavernier (l'Amoureux dingue de cinéma) C.Klapish (ce qui me meut, ce qui me lie) et B.Podalydès, pour trébucher sur une "glaviole". 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mes projets d’écriture (comme plus d’une douzaine après le « pion » en 2012-13, qui ont tous sombré depuis ?) : 

 

 

Le joueur (VF)

Panoramix Hôtel

M’erquy (très beaucoup)

Jillet geaume

Le viking, l’indien et l’astronaute.

et

Théâtre : face au trou.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peinture : j’essaye d’oublier … je cicatrise moins bien avec l'âge.

 

 

 

 

bientôt 2019. Presque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Derniers mots-maux de 2018, je fais le tri dans un tas de textes et, relis un "vieil" email d'un "ami" disparu. Très envie de partager ça. Trop beau, dedans. 

 

 

L'Objet de l'email (qui lui ressemblait tellement) : "continue".

 

 

Et

Pour me souvenir que l'humanité est aussi pleine de pépites (plus ou moins brutes, et d'aspect seulement). Faut fouiller, toujours. Jamais prendre en surface.

 

 

 

 

 

 

De:Marc Bernadac marc.bernadac@gmail.com 

Objet:Continue 

Date:1 mai 2013 à 17:17
À: THIERRY POIGNANT toivoa@orange.fr 

 

Foin de boulot, de dossiers importants, de manque de temps, je pose pause tout à trac. Pti frère, te dire mon désole-ment ne sert de rien mais ma peine est réelle. Je ne connaissais pas ta sœur, mais savoir qu’elle t’était si chère suffit à me faire regretter son envol, vol au(x) sens, rapt. D’autant  que ce n’est pas le premier départ qui te coute tant.

Et voila à présent que se profile l’écueil, je suis censé (et j’espère sensé) mais surtout souhaite trouver les paroles qui réconfortent, soulagent, apaisent quelque chose qui ne peut pas vraiment l’être. « La mort n’est pas pour nous le séjour envié où l’on va s’asseoir à la table dressée pour le festin des dieux mais un champ de décombres avec des croix brisées où l’herbe abreuvée de pluie noire dévore les blocs chavirés par le soc des années ». Comment soutenir, étayer et « déséparpiller » celui dont le chagrin m’attriste ; certes avec des mots, mais lesquels ? Quel angle d’attaque, quelle architecture  employer ? Bétonner ou bâtir léger.  Dans cet exercice et c’est bien de s’exercer dont il s’agit car devant la peine de l’autre, même si on la côtoie trop souvent, on est toujours novice. Dans cet exerce-ment, ce que l’on redoute - plus que de ne pas réussir à réconforter - c’est d’attrister davantage, pire de  blesser. Alors il est commun de flirter avec le bienséant, le convenu et donc au final l’insincérité, le –ment. Cela m’est impossible et dussè-je m’y atteler que je n’y parviendrais pas. Alors sans étai, sans fondations je me lance. Tu es le chantre de la couleur et moi du noir. Mais ta gamme est suffisamment étendue pour que j’ose risquer de l’obscurcir, d’ailleurs qui mieux que le noir met en valeur la lumière, qui révèle la plus infime étincelle mieux que la plus sombre des obscurités. C’est pour ne pas risquer de perdre la moindre parcelle de jour sur cette terre que j’ai choisi le ténébreux, par amour de la lumière. Luz contre la Loose. Dans mes notes de lecture je trouve ceci, d’un poète  dont j’ai égaré le nom : « …cependant toujours assis à regarder la vague submerger le même rocher puis nous le remontrer, nous voyons que le soir inonde d’ombre cette ville où personne ne nous connait ni ne prend souci de ce que nous restons tous seuls dans le noir de la nuit, alors chacune des étoiles qui s’allume injecte dans le plaisir que nous prenions à nous laisser mourir, la peur de voir venir encore l’épave de nous même supplier qu’on la traîne dans des rues, de porte en porte jusqu’à lui procurer de quoi déposer son poids d’os… ». Jolie métaphore de la vie, il s’agit donc bien de cela : vivre ce n’est pas mourir à chaque instant, c’est s’y préparer afin de ne rien regretter. Et la tâche est rude, dure à nettoyer la tache. Mais il faut s’y atteler et tant mieux si la lucidité nous complique la vie. Foin de détachement. Le flou est un éclairage séduisant qui nous donne une optique particulière. Mais ce n’est qu’un versant de la lumière. Te voila soudain contraint par la perte à te déflouter, l’éblouissement est si brutal qu’il pique la rétine. Mais si tu fermes les yeux tu ne verras pas le signe que tu attends. Car il viendra et à maintes reprises, j’en suis persuadé. Non pas de l’au-delà où de toutes ces sornettes dont on (et surtout la religion) nous bassine à longueur de vie. Mais au détour d’un virage (Et pourquoi pas dans une ligne droite ? sans doute pour qu’on ne l’ait pas vu venir) à Erquy, à Paris, dans les yeux de tes nièces… mais tout autant dans les sons, les odeurs, dans les replis de ce « cache nez de ta mémoire ». Je te promets une armée de signes et pas seulement pour tes anniversaires. Espère les, mais ne les attends pas, ils surgiront à l’improviste. Encore une note de lecture d’un auteur hongrois : «  Tant que tu voudras aller quelque part ; atteindre un lieu qui te convienne, mais de la nature duquel tu ignores encore tout et tant que tu ne permettras pas que te guide l’arbitraire des marches qui s’ouvrent devant toi, tu ne seras pas là tout à fait ». «  Elle ne t’a pas lâché, elle a juste pris un peu d’avance sur le chemin. Mais ce n’est pas au bout de celui-ci que tu la retrouveras, mais ici et maintenant. Alors continue d’essayer, de douter, de balbutier même si la souffrance est au rendez vous, elle cédera. A ce propos, piqué dans un article du Monde des livres : « Le monde est un mauvais lieu ; l’humanité, un leurre, des animaux esseulés et raisonneurs, méfiants envers leurs propres désirs et effrayés de ceux qu’ils imaginent aux autres. Seul un petit nombre de solitaires laisse deviner l’humanité enfin parvenue au jour qui pourrait advenir » ; En ce jour désastreux, dévastateur il te reste des cartouches, chanceux d’être au nombre de ces solitaires, en outre l’art est à tes cotés. A propos de celui-ci toujours dans mon carnet, de Proust cette fois : « Ce que nous n’avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, ce qui était clair avant nous, n’est pas à nous. Ne vient de nous-mêmes que ce que nous tirons de l’obscurité qui est en nous et que ne connaissent pas les autres. Et comme l’art recompose exactement la vie, autour de ces vérités qu’on a atteintes en soi même flotte une atmosphère de poésie, la douceur d’un mystère qui n’est que la pénombre que nous avons traversée ». Alors peins, écris surtout et ta cathédrale (sans connotation religieuse) de lumière sera restaurée et au détour de tes travées, de tes toiles, de tes lignes et des pages les signes pleuvront des rais de lumières issus de tes vitraux colorés et chatoyants.

Et continue d’aimer.

En espérant que ma tentative de soutien peu orthodoxe et sans doute par trop littéraire mais sincère a réussi à faire miroiter quelques reflets dans l’onde. Mais fou que je suis, je persiste à croire que  « Nul n’est assez normal pour n’être pas touché par les paroles d’un dément ».

Amicalement, Marc.

Embrasse tes nièces pour moi. Quel était le prénom de ta sœur ? Ainsi même des inconnus pourront se souvenir d’elle.

 

 

 

 

Encore merci, Marc ! Toujours aussi beau ... ton rire.

 

 

 

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