Histoire de fou
(fou-phénix à pieds bleus)
2017 : Face au fou, je veux revoir toutes mes années, mes fièvres, mes joies et détresses, aussi peu que je pourrai exprimer ce magma d’être. Je veux ressentir toute mon espérance, fantôme.
Sentir, un feu, cette confiance qui me chauffait le cœur le ventre, et brûlait mes yeux. Tout cet être insubmersible dans toutes les tempêtes de ma vie. Confiance qui me fait aujourd’hui cruellement défaut, un manque qui me paralyse, me pousse aux actes manqués en pagaille. Juste d’un poil, d’une plume, je dois reconstituer ça. Si possible …
15 aout 2017 : pas mal de sensations qui reviennent. Comme des gestes, des formules plus ou moins magiques, abracadabra et broc, ma toile et mon bois avec bateaux prennent couleurs textures et pensées, me voyagent enfin. Le Fou-Phénix ? Quelque chose … que je ne sais pas dire. Tant mieux ! Ne plus rien toucher ? Laisser sécher. Réfléchir. Songer. Laisser les lumières, l’une derrière l’autre, bouger ces peintures, jour, nuit, pénombre, ciel bleu, gris, spot de lumière blanche.
Le 16, je finis le bois et la toile avec les bateaux (série BPP "bateau papier plié"). Sur la toile, je dérègle le gras sur maigre pour faire craquer, la terre (1er bande) et le ciel. Bateau sur terre, bateau échoué, bateau sur horizon. Tableau compliqué. Techniquement et dans mon attente. Le bois plus grand « me va ». Je n’irai sans doute pas plus loin. Je peux laisser mon esprit vagabonder devant ce bois, des heures, comme face à la mer. C’est bon signe, pour moi.
Le 16, je finis le "fou" (sa tête). Doucement, avec cette toile du fou, reprise difficile, si compliquée dans ma tête, je sens mieux et avec quelle intensité, la solitude de l’oiseau, du fou, me touche, miroir. Enfermé dans son carré, collé à la toile. Solitude incurable. De la savoir, la voir, m’apaise. Je ne veux plus rien soigner.
Seul dans sa peinture, qui ne regarde plus rien dans son cadre, regard intérieur, fou à pieds bleus et perdu. Perdu dans son « paysage de peinture », de poésie animale, instinctive, fantôme, pleine de mémoire, et … de traces.
Je m’attendrais presque à le voir lever une patte, puis l’autre, pour me séduire, moi, son pas-modeste créateur, calciné (à découvrir sur la toile, d'internet, cette danse). Oiseau ou peintre, 2 dinosaures, d’un Art disparu comme elle ou lui de l’histoire de ma vie, disparus trop tôt. Oiseau ou peintre, fou ou pion, cloué sur une fenêtre que plus personne ne sait ouvrir.
Lien vers site pQf - page des fous
Ou lui,
solidaire, de l’autre côté du miroir
qui me « re-naît » ?
Lui, moi ?
Poil au nez !
Janvier 2018 : le fou à pieds bleus, ou fou-phénix, m’apparaît à nouveau. Reprise compliquée. Peindre n’a plus aucun sens dans cette époque, de selfie selfish, de record en « like », de réseau de zappers. De toile sur ordi, sans toile avec peinture. Talent ou pas, galeries et collectionneurs passent leur chemin. Trop tard … Pour moi, qui peint (encore), je peine aux yeux des autres, proches et lointains, de la société, de moi-même qui aborde la descente vers rien, à justifier cette activité obsolète.
Sur 2 toiles 80x80, brutes, je travaille les fonds. D’abord sable de ma plage fétiche dans de la colle de peau, avec une acrylique sépia, avant de noyer mes pigments de terre et d’ocre dans un flot de térébenthine. Les toiles pompent, les couleurs surnagent. Couches après couches, je cherche les turbulences, des déchirures, des effets de toutes sortes que j’équilibre au fur et à mesure, sur le fil, dans la veine de la matière.
Je veux des fonds qui tiennent "ma tête", pour pouvoir placer me pieds, bleus, sous forme d’empreinte. Pas de bec, pas de palme, pas d’yeux, aucune plume. Que 2 empreintes bleues, humaines, pour un phénix-fou à pieds bleus, revisité.
Titre probable : « le fou-phénix à pieds bleus, est passé par là », et pour l'autre ? "... est passé par ici".
Pour tracer son chemin ? Vers une danse de séduction, qui consiste à lever un pied, doucement, poser, puis l’autre, bien haut. Ainsi, de suite, sans faiblir, sans douter du résultat. Montrer sa couleur, l’éclat bleu ceruleum, turquoise, ciel, mer, de ce qui circule derrière le plumage.
Ne pas faire le coq, seulement le fou.
26 janv.-18 : voilà, j’ai peint avec mes pieds (comme un pied ! d’où vient donc cette étrange expression ?). J’ai un peu glissé du pied droit. Je dois bricoler ça, sans trop y toucher. Encore du glacis et estompe à prévoir. Je pose … et d’un coup me pose la question du sens.
Dans quel sens doit-on regarder la toile, l’autre toile ?
Le fou est passé par ici, ou par-là ? Vers le haut, le bas, à droite, à gauche ? Je tourne les 2 toiles. Parfois, je trouve telle position, posture, évidente … et puis, plus loin, après une longue observation, je doute. Pas de doute, je suis perdu. Tout comme le fou à pieds bleus ? Fou-phénix, aveuglé par la cendre. Ou le feu ? De quel sens parle-t’on ?
Ce truc n’a pas de sens. Peindre encore, toujours chercher. Chercher le fou ou faire mieux, peindre mieux ? Chercher quoi ? Pour Quoi Faire ? Pourquoi Faire ? Pour qui ? Je continue à tourner les toiles, de quoi devenir fou, bien sûr. Les toiles tournent carré, 80x80.
Ou, pourquoi pas, pense le fou, histoire de faire apparaître un fantôme. Des morts, j’ai tout un stock perso. Il ou elle donnerait son avis, une réponse, sur le sens. De la toile. Et de la vie, du coup, s’il sait, le fantôme ? Les empreintes qui vont vers le bas fonctionnent moins bien. Cela doit être psychologique.
BPP - 30x60
26 janvier : Rude « bataille » avec "Muse" (le groupe) en fond sonore (que j’apprécie pour peindre, tempétueux comme il faut) avec toute la téreb, les mediums, tout consommé, une toile après l’autre, l’une sur l’autre, plusieurs tableaux qui apparaissent pour aussitôt disparaitre (les trucs/modifs sont vite balayés, oubliés) de la vraie vie en quelque sorte. Bataille pour garder l’équilibre, que je perds tout le temps, d’une couleur mal choisie, d’un trait d’une bavure.
C’est compliqué, mouvementé. Les essences, la zique fortissimo, les couleurs et tourbillons de pensées, de quoi décoller, d’un sol, du cadre, d’une vie hors soi, détaché des pesanteurs … vertige d’un infini déraisonné. Gâchis ? Sans doute … Pour un résultat secondaire, nuit tombée, que je vois mal sous les spots. Mes yeux aussi, plus à la hauteur.
Peindre est chose définitivement folle, en ce temps de pixel sur toile d’ordi, réseaux et fake-life.
15 février 2018 : mon dernier fou, sera le « fou à pieds bleus, hors cadre ».
Plus d’oiseau ? Que moi, en vérité folle ?
J’hésite encore sur la forme, les couleurs, les textures … que l’idée, une sorte de moi, plus ours qu’oiseau, autant déplumé que poilu, qui regarde ses pieds (bleus) ou autre chose, vers le bas, hors cadre. Dans le cadre de la toile, d’un tableau, de mon expression, des cadres.
Cadres mordus, fendu, incomplets, ruines et traces, archéologie de ma vie, de ma sorte de vie. Après, j’arrête les « fous ». Pieds bleus et phénix. Je n’arrive pas à renaître. Trop de cendre ? Peindre encore ?
Petite balade sur le site pQf ? Poésie de "fou" sous pixel ...
Oui … je ne sais pas comment ni quoi encore, seulement que je n’ai que ça, ce sang (multicolore?), un ADN (papa?), le virus (délayé sur ma toile?).
Huile/Bois 30x60
Le 16, d’un mois quelconque dans cette vie, juste là, simple et unique prêt : une fin, un vide, un néant, juste là, à portée de conscience, d’être. Créer, créer jusqu’au bout, jusqu’à l’infime, juste au bord de l’abîme, encore espérer. Espérer l’impossible, le fou et ses pieds bleus, palmés, séducteurs. Espérer la couleur folle, phénix, floue… d’une poésie magique.
pQfment notre,
tHierry
Toile 80x80
/image%2F2642268%2F20180121%2Fob_225960_fullsizeoutput-1167.jpeg)
Une toile (matière en mouvement) sur la toile (immatérielle et immobile). Un feu piégé par l'écran froid. BLOG bis, presque invisible. A zapper. LA Peinture qui ne
le nouveau BLOG
Mes huiles, plus de 20 années en arrière (parfois > 30) - pour mémoire.