Extraits du journal de bord du navire interpQf
au coeur du "labo-atelier-galerie-pQf" :
Lundi 28 décembre 2015, Erquy.
Beaucoup d’espace et de temps, entre 2 essais de « reprise ». Hier, pas mal barbouillé et j’ai frôlé le vide. Un énervement monstrueux m’a pris. Dans la tête rien qui avance, surgit. Aucune vraie idée, ou pensée qui en entraîne une autre. Pas que rouillé. Une incapacité méchante.
« l’ourson, moi sœur et man » ne va nulle part. Recule ou disparaît dans ma tête ? La musique (en l’occurrence Mathieu Boogaerts, Cat Power, le Jonasz - du temps de ma soeur - et Valérie Leulliot) me sauve du noir profond. J’ai repris des « CMP », 4 petites planches 20x30 que j’aligne. Exercice sur couleurs et façon. Histoire de me distraire de mon travail sur cette « mémoire-jardin » tout en broussaille et nœuds dans ma tête, mon cœur.
Sur 4 bois 40x40, j’essaye de faire sobre sur des repros n&b papier déchirées, encre qui tient avec peine, et j’utilise un trait au feutre noir, « pentel pen N50 ». LE feutre de papa, son trait, une odeur. Un tas de souvenirs avec ce pentel noir qui se trouve encore en magasin. Chaque fois que je tiens en main cet outil, je prolonge une histoire, un tas d’histoires qui nous lient tous les 5. Pa moi sœur frère et man. C’est … automatique. Le trait que je crée, façon BD, ligne simple pour suivre le visage des êtres que j’aime encore, confusément. Déchiré. Le papier mal au point. Le format. Le châssis pour solidifier des planches fines. Devant, à peindre. Derrière ? Le choix des couleurs, des liaisons, d’une lumière … Pour l’instant, je balbutie. J’entrevois à peine, si peu… Trop peu.
Très vieux bidule d'avant le pQf : le dieu "pognon". Idolâtrie (idole-latrines) contemporaine.
Idée vitrail, traits, mots, labyrinthe et synapses, sur un 90x90 de bois qui me chagrine. Mais ce midi, je vois mieux une suite. Sans que cela soit totalement à ma convenance. J’espère encore, peut-être bêtement, qu’en chemin, par hasard ou pas, je me croise à nouveau. Eveillé, l’esprit disponible, entier, libre, fou et flou, tendre et brûlant, traversé par mille courants d’air, pensées, rêveries, délires. Un ego en vrac reconstitué qui bouillonne et qui pQfe (de pQfer) à mort. Mort pour les cadres et qui tord ses réflexes de style. Et ce, malgré un mal de crâne certain. Le retour à la térébenthine ?
0h15, mardi.
J’avance. Le vitrail etc. Pas de « délire » notoire. Mais du vrai mieux, quelque chose. Jonasz en boucle pour m’accompagner. Et ce soir Ry Cooder, pour regarder, longtemps, le chemin. Si seul, je pense que j’aurais pu peindre toute la nuit, comme avant, avant il y a loin. Plus la faim et seulement l’envie, le besoin de peindre, bricoler de mon art quand il sonde mon intimité. Ma sœur et moi avions emmené notre maman voir Jonasz à l’Olympia. Elle avait, je crois, apprécié, mais avait trouvé ça trop fort, de « bruit ».
Avant et loin, j’ai peint bien des fois des jours et nuits entières. Quelques « aides » inavouables pour tenir, jusqu’au « vertige », parce que la « foi ». Je n’existais plus pour personne. Ou presque… Le chat sur mon épaule qui suivait les mouvements de pinceaux et brosses. Ma sœur qui de loin dans son « coin », entre montagnes et lac, avec ses mots me racontait la vie. Dans mon coin d’être, hors tout, elle me donnait une part de son bonheur de maman toute neuve. Pas de job, pas de compagne, d’enfant, d’avenir ni ambition, presque plus d’argent, pas de bien sinon des planches peintes, au 6ièm étage (sans ascenceur, Paris18) de mon 20m2 je peignais jusqu’à l’épuisement, ne plus rien voir, ressentir. Et d’une certaine façon, j’étais bien. Entier, moi, en cohérence avec mon chaos, cœur qui bat n’importe comment et tension qui frise l’AVC, en mouvement. L’abysse comme habit, de voyage. A chaque instant, je créais mon propre temps, mon propre espace, une vie en équilibre et en peinture. Flamme bleu de Prusse d’une nuit étoilée ou vol de corbeaux, de Vincent (pas de frère, mais une sœur qui veille … de loin « à la Théo »).
Mardi :
sur mon vitrail (je pense assez fort à Rouault, Georges, qui longtemps m’a … questionné), temple de vie « vivre, ou pas », les choses et les tâches se mettent en place. Je vois mieux par où passer. Les glacis, dessus glisser une idée, un éclat de mémoire, des couleurs à modifier ou nuancer cette pensée, bleue, grise, ou rouge.
Des traits, le feutre sur la 2ièm planche 90x90. Avec dessus plus de mots, pourquoi pas ? De nos mots ? Les derniers sms. Je commence à voir plus clair, plus flou, plus loin. Dans mon au-delà perso, en plein la vie.
18H37 :
accompagné par Keith Jarret, j’ai mis en matière et couleurs l’ourson de 2015, élimé. Je couvre le fusain, j'élimine le trait. Un seul œil une oreille et sans bouche ni truffe, sur sa toile 90x90.
Puis, je retourne au 2ièm bois 90x90, traits au feutre sur papier déchiré et déjà envahi par l ‘huile, une coloration du fond très libre, juste pour me faire plaisir. Lâcher la bride, Je feutre sur huile ce qui crée une ligne qui m’échappe. Je joue avec. Pas sûr des couleurs et de la façon. J’hésite.
À revoir à la lumière du jour …
18H37 : accompagné par Keith Jarret, j’ai mis en matière et couleurs l’ourson de 2015, élimé. Je couvre le fusain. Un seul œil une oreille et sans bouche ni truffe, sur sa toile 90x90.
Puis, je retourne au 2ièm bois 90x90, traits au feutre sur papier déchiré et déjà envahi par l ‘huile, une coloration du fond très libre, juste pour me faire plaisir. Lâcher la bride, Je feutre sur huile ce qui crée une ligne qui m’échappe. Je joue avec. Pas sûr des couleurs et de la façon. J’hésite.
À revoir à la lumière du jour …
18H37 : accompagné par Keith Jarret, j’ai mis en matière et couleurs l’ourson de 2015, élimé. Je couvre le fusain. Un seul œil une oreille et sans bouche ni truffe, sur sa toile 90x90.
Puis, je retourne au 2ièm bois 90x90, traits au feutre sur papier déchiré et déjà envahi par l ‘huile, une coloration du fond très libre, juste pour me faire plaisir. Lâcher la bride, Je feutre sur huile ce qui crée une ligne qui m’échappe. Je joue avec. Pas sûr des couleurs et de la façon. J’hésite.
À revoir à la lumière du jour …
SUPER ourson qui bientôt va m'apparaître ... d'abord d'allure "cochonnée"
1h :
4 tableaux, donc, très différent. Dans le traitement, la matière, les couleurs, l’esprit. 2 toiles 2bois 2formats, pour nous 4. Je voudrais faire plus, que ne je pourrais pas. Le temps qui va me manquer… et plus de planches ni toile (avec des pinceaux et brosses mal au point qui parfois me trahissent) pour essayer des variantes. Tenter l’expérience plus avant. Et d’avance, je me sens frustré, pire, presque déjà expulsé de … moi-même ? Me dit là, tard cette nuit : Je ne vais pas y arriver.
Mercredi, 15h44 :
super bien bossé.
Peinturluré de la tête aux pieds. Ourson fini, après une vraie bataille entre lui, moi, l’usure du temps, un chagrin tout en peluche et sang. Même pas pleuré … et pourtant. Il est là, sur le côté, tellement abîmé, comme moi. Il comme hier, me regarde peindre, vivre, naître sous les couleurs. Renaître.
Le 2ièm 90x90 est plus difficile. Placé le nuage. LE nuage qui me suit depuis ce retour vers Caen, un dimanche, où je roule vers ma sœur, morte. J’essaye d’écrire « vie » dans plein de langues. J’essaye de mettre un peu de chair sur ses joues, du rose sur ses lèvres. Etrange, terriblement étrange comme sensation au fur et à mesure que je pose la couleur sur le n&b. Sur « the strokes » décide de blanchir ici ou là. J’estompe, je dégouline vert et orange. Estompe. Du blanc au couteau. Pas ça encore … Il me « résiste ». Trop d’affect, ou pas envie de le finir. Ou, c’est parfois compliqué de me satisfaire.
Sinon, envie de toile, d’autres, du lin de 100x100. Plus facile de travailler sur la toile que le bois, plus jouissif pour une reprise. Le bois exige plus d’attention, de travail, des réponses aux nombreuses questions que mes façons provoquent. J’espère que mon fournisseur parisien me fera un prix, si pas de promotion… Ah si, finalement, pas pu retenir quelques larmes, après la tempête…
Dernier jour avant 2016.
16 (une idée de tableau dans cette série, homme et femme, 1 et 6, mon Eve et Adam perso)
Un nombre qui me suit. Pas de solution pour le « vivre … ou pas » sur bois, 90x90. Dommage, car je n’étais pas loin. Pas loin avant que je place des couleurs entre les traits de feutre, et que je renforce le blanc au couteau. Là, c’est cata. Là, dans l’état, je cale. Et je vais rentrer sur Paris-Versailles-chiffres, réintégrer le vide. Me griller le cerveau (comme papa ?), un peu plus. Asphyxier ma poésie du flou, avec un quotidien bien net et super cadré, sans courant d’air. Evidemment, plus rien ne presse. Finir ou pas, ne me perturbe pas. Seulement comme un mal de cœur, état nauséeux et tête à l’envers un poil dépressive.
L’art pQf restera une blague, tautologique. Un méta-gag que je me suis raconté à moi-même une vie durant, à défaut d’un espace-temps suffisant pour en exploser-exposer l’essence. Inflammable. Je suppose que je vais vieillir, me finir, avec des relents ici ou là, par parenthèses, volées. Il me manque la foi, perdue en chemin. La foi en la Vie et en moi, digne disciple très fan, contemplatif des merveilles. Foi qui bouge et remue tout et rien, les lois et les apparences-béton. Pas de celle qui se fige dans une narration enfantine. Pas une qui rassure, ni ne panique, seulement qui est la vie. Une créatrice insatiable. Une Foi qui me donne faim. Aucun doute mais que des questions (sans réponse, graal introuvable).
Foi perdue.
Je sais vaguement où ... avec peu d’espoir de la retrouver en état,
Pour Quoi Faire ? Pour Vivre … pour de vrai. Ou pas.
J’écoute Arvo Pärt « cantus in memoriam Benjamin Britten », à ce, ceux, que l'on perd en chemin ... et je pense à Pierre, sœur, 2Ki, pa-man, Patrick, Marc, Gérard, et L … Je pense à cette foi, mes illusions, perdues, tout pareil.
1er janvier 2016 :
j’attaque à nouveau mon « nuage ». Sur une écoute de Philip Glass et son concerto pour violon, j’applique ma leçon de peinture : moi enfant qui accompagne papa en tournée, sud de la France. Entre 2 marchands de meubles, nous jouons aux devinettes sur les bleus, les couleurs « terre » que nous croisons sur notre route. Et sur le bois 90x90, je « gaspille » à l’envi toute ma palette de bleus, et de terres. Chaque marque a son ceruleum ou cobalt, sa terre ombrée, naturelle ou brûlée, ses ocres, sépia, ses bleus de Prusse, turquoise. Je limite, pour ne pas assommer l’idée, mais je joue en clair et flou de cette pensée-mémoire. Qui, il me semble, s’accorde avec ma variation sur le mot et verbe « vivre ». Je reviens sur quelques lignes de feutres après jeu sur térébenthines simples, pour coulures horizontales, puis plus collantes et brillantes, mélange « de Venise » avec essence d’aspic + vernis dammar, coulures que je module avec des estompes au papier. Je garde l’effet « palette » et leçon de papa par endroits (possible que je revienne sur ce point plus tard, quand sec ? Pour appuyer l’idée avec de l’épaisseur.)
Je désespérai un peu hier au sujet de ce bois. Là, ça va un peu mieux… « Clair de lune » de Debussy. J’ai connu une jeune fille qui le jouait parfaitement, pour mes oreilles, et… un peu mon cœur ? Mais c’était bien trop flou à l’époque.
Dimanche 28 février 2016, retour Erquy dans mon labo-atelier-galerie-pQf. Mal au crâne à taper sur cet ordi qui se barre en couille, sérieux. Je reprends contact avec toiles et bois en-cours.
L’ourson sur toile 100x100 m’apparaît terne. C’est que peu de matière, couleurs téreb sans insister. L’orange qui est sur un regret de gris prend bien la lumière. Je pense que dans le ton. J’arrête là ? Ou juste … quelques touches ? (et na pas déraper comme j’ai l’habitude)
Le « vitrail » me bouscule plus. Pas d’idée pour une suite possible. Peut-être revoir à gauche ? Epaissir ici ou là ? Pas sûr. Je vais mettre de côté.
Le bois 90x90 avec « vivre ». Laissé avec une idée de tableau-palette. Les terres, les bleus. À l’état brut de tube. Idée qui me plaît toujours. À lier avec nuage ? Vivre ? Et les figures-mémoire, mémoire-fantôme, au feutre noir ? C’est le plus confus des 3, le plus compliqué, le moins « attractif », accessible, et en même temps, pour moi, le plus … intéressant. Ou pire que ça ? Le déséquilibre volume et tonalité me convient. J’hésite à atténuer ou à … appuyer. Je vais essayer de trouver un possible chemin dans cette énigme peinte d’ici mon départ dimanche prochain.
Lundi : comme je le soupçonnais. N’arrive pas à enclencher. Les pensées, les gestes, simplement à mettre en place les outils, les matières … de la rouille de partout. Des chiffres qui polluent.
Tout faire éclater ? Murs, barreaux, scrupules … et n’en faire qu’à ma tête ? Versant anartiste ? Une fois largué, moi et les amarres, société et conventions, alors plus de retour possible avant … peut-être jamais ? Plus ma sœur format Théo, ou frère 2Ki pour « croire » en moi, en ça qui me remue le cœur et l’esprit. Qui sait qu’il n’y a que ça qui me donne la vie. Compliqué. Parfois douloureux. Me manque cette « confiance », celle que possédait mon père. Comment il a fini, mal, comment tout autour de lui, désordre et destruction, me font hésiter, me replier sur moi-même et m’éloigner des autres. Peur du dégât, pour ces autres. Même pas peur pour moi, ce peu qui existe encore. Je regarde le chien de Goya, carte postale posée près de l’ordi. Tout est là …
Mardi : rien. Je regarde, tourne autour, déplace toiles planches bidules et trucs. Dedans dehors, je tente de faire mouvement.
18h40 du fusain sur les toiles, du feutre noir sur les petits formats. Tout est bâclé, désespéré. Un ourson géant avec des ailes, « super ourson », « super bear ». Ou un ange, ange-gardien. J’écoute Supertramp. J’écoute mes années 80, ce qu’écoutait ma sœur. Je ne bouge pas. Le chagrin pèse des tonnes, cette vie à chiffres qui me fait des nœuds partout, attaché. « Super bear », c’est peut-être une tentative de peinture, avec motif « absurde » (et mémoire), à transcender, à dépasser ? Essayer ça demain ou, après-demain ? Super bear va me sortir de ce sale pétrin, motif enfantin, mémoire cradingue, trait chagrin, un bon gros jet de peinture, essayer l’improbable. Créer avec ça, tout en préservant la légèreté originelle, un travail qui me bluffe, m’émotionne en profondeur, me remue assez pour me donner une bonne bouffée de lumière. Que cette vie bien crasse m’apparaisse plus douce, claire …
Mercredi, seul : du vent, de l’écume par traits sur une mer verte, ciel entre bleu et noir. On dit ça « vivifiant ». Bien plus que ça pour moi. M’apaise. État second où je m’efface dans tout, dispersé et en « connexion ». Je deviens flou, flou de bougé, vibration. Je vibre dans l’air, à la fois tête vide et mille pensées. Me traversent, virevoltent, m’emportent. Ici ou là, partout nulle part. Pour « retouches » sur mon 1er ourson, je me prépare un mélange téreb de Venise bien collante, aspic et 4 larmes de vernis dammar. Avant un mélange moins collant et plus gras avec une huile de lin cuite. Je cherche plus gras, mais je n’ai plus…
Jeudi : gros coup d’accélérateur sur mon engin inter-pQf avec zique bien présélectionnée. Peinture plein les mains habits sols murs tête. Douché dehors et dedans à la téreb + etc, fait un bien fou. Très fou. Merci (petite) inspiration, muse, fantôme du lieu (il paraît qu’il est bienveillant selon info, une exclue du mois passé des anciens propriétaires)
La vedette est l’ourson. Le seul vrai survivant d’entre nous 4. Ma mémoire contient trop de … elle sature, les mots ne suffisent plus, il faut … SUPER ourson à la rescousse. Sauve moi vite de là, SUPER Ourson !!!!
Zique avec The muse et le volume haut (Matériel HIFI limité) lui va à ravir.
Un ourson avec ailes dans tempête de couleurs, à fond bourrasque, magnétique (qui protège comme le soleil des intrusions hors système, comme la terre du vent solaire), électrons et photons en pagaille. SUPER ourson, tout autant qu’ange ? Maintenant que je suis dans la partie … Phénix ? … Tellement de cendre sous mon nez. Ourson avec bras en croix, imaginons tout. Je le veux brut de brut, du bruit et qui n’hésite pas une seconde, déjà hors le temps, le dépasse, super méta-sonique, méta-gag, fonce, fend la couleur et mon air de rien. Je le veux puissant à ma sauce. Généreux, empathique et sympathique sans trop, qui BOUM CRAC et PLOUF. Energie pure originelle pQf flou et poétique, pouet-pouet. Mon 1er ourson quand pas 1 an, ressuscité d’entres les peluches. Dans mon esprit barbouillé coloré… déchiffré, désocialisé, autiste et… défoncé à la peinture. Ma seule vraie et heureuse coke. Médoc de mon équilibre (déséquilibre pour les autres).
Pour un résultat ? Un rien « grossier ». Pluie mauve (Prince ?) en dégoulinade de travers avec téreb, puis plus gras. Par dessus traits façon Vincent, en empâtement avec trace pinceaux, ailes délire pour mieux voler. Effacés, recommencés. Estompe, puis rere-commencés. Les tubes qui se vident. Jusqu’à trouver la chose absurde, presque joyeuse, qui me convienne, là. Sans doute pas demain …
L’autre ourson (toile 100x100), plus sobre, a commencé par un trait noir et baveux (ce noir qu’avant, je n’utilisais jamais). Puis j’amplifie la note sombre. L’oreille manquante aura une couleur, l’œil gauche aussi, la bouche et le nez perdus. Les manques prennent de la couleur. Ensuite, j’estompe papier, colorise, joue des traces du gros pinceau plat. Du trait encore, pour ranimer l’ourson perdu entre estompe et pinceau. J’équilibre les couleurs, avec discrétion. J’envisage un espace, un univers, des éclats, des bavures dans l’espace. Bombardement par gouttes de couleurs très diluées. Laisser reposer, à plat, et demain, je voyage là-dedans au ralenti.
Plus tard : pas grand chose de peint, finalement. Frustré d’avance de ne pas pouvoir (faute de temps) … améliorer tout ça.
Vendredi. J’avance.
Le temps presse. Me presse et, c'est pas confortable. Je réfléchis trop lentement encore. Je sens la légère accélération des pensées. Un courant qui bouillonne un peu, tourbillon, de la vie. Va pas tout faire. Le « super ourson » bouge bien, pas assez.
L’ourson dans l’espace (titre : « la comète rose » ?) avance aussi. Plus tendre, doux, cosmique. Le deuil, le chagrin, nous 4, ourson abîmé, moi en miettes, tout ça passe mieux. Presque rigolo, presque. Mon empreinte pas assez bien formée, va comme un gant à l'ourson. Manque … ? Je ne sais pas.
Vais devoir rentrer, frustré, de ne pas pouvoir … finir mes phrases, mes pensées, mes « tableaux ». Bientôt échoué, navire pQf immobile dans l’eau stagnante, eau morte.
NEW : pQf. Nouvelle tarification hors marché,
à 4 prix.
4 444 euros
1 600 euros
444, 40 euros
44, 44 euros
Et puis c'est tout.
C'est totalement pQf,
Et pas d'un poil commercial.
Adieu marché, reconnaissance et
LE grand Palais pour moi tout seul.
Fini l'Ego à taper,
Sous le marteau de Sotheby ou Christies
Je n'entendrai jamais le blabla-sirène des marchands
Samedi 5 mars 2016 :
L’Ourson, Grande Ourse, voyage dans son espace. Noir et lumineux. L’ourson et l’ours, dans sa tanière. Ours ? Autiste ? Anartiste ? Supra-présent, ou absent ? Transparent, ou disparu pour le plus gros morceau de son être ? Fantôme ? Une peluche élimé, limité. Peinture hors saison, mode, siècle. Voyage hors le temps.
Le temps me presse de prendre mon temps. Ma vie ne sera pas à rallonge. Je bois et pas que de l’eau, j’abuse du gluten, du chagrin et d’humeurs vagabondes, d’émotions big-bang et je tourne à 16/10 de tension, au repos. Mon cœur chamade d’un rien et cette vie à chiffres, je le sens, le ressens, me tue à petit feu. Feu de barbecue, qui n’enflamme rien.
Je suis dans le flou total. Les yeux autant que l’esprit. J’ai beau vouloir (ou espérer) m’être de la poésie sinon de l’art à ma vie déglinguée, me manque l’élan, le temps, l’espace. La liberté de l’ourson que je suis. Ange déplumé, bitumé, qui colle au sol, au temps des cadrans et des modes.
pQf a besoin d’espace. Pour Quoi Faire ? Rien, peut-être ? Mais entre ce rien et tout, il n’y a que le flou d’un geste, d’un désir d’Art total, libre, hors le temps et des crocs de Chronos. Peindre un ourson sur une toile de 100X100 relève de mon absurde mémoire, poésie simple, banale, tendre, désespérée et floue. Entropie intime et universelle. Pas un acte ni un sujet désuet, seulement fantastique et spirituel. Un ourson.
Sur le sente du paradis, 2 jours de suite, je croise un chat blanc, tout blanc. Tandis que je monte, il descend le chemin de terre. Le 1er jour, me voyant, il rebrousse chemin et poils. Aujourd’hui, il ose. Il descend jusqu’à moi. Il s’écarte légèrement. Pas léger et lent sur mon coté, comme en chasse. Moi immobile. Il me dépasse et reprend sa route à vive allure, après avoir jeté un dernier coup d’œil sur son obstacle franchi. Je tente ou m’efforce de voir dans ce rien, comme dans d’autres, un signe, une info, un début d’indice qui me renseigne sur mon flou, ma sente perso. Pas que je m’attends à moins flou, mais plutôt : je rêve de clarté.
Il faut que je rachète du brun Van Dyck de chez Charvin, de la téreb (1l) et un medium ou une huile cuite assez grasse. J’écoute Deftones, grosse décharge d’adrenaline pour accompagner une dernier bout de route, ou sente, avec mon SUPER ourson. Mon ange-gardien, que je veux libérer, plus rien à garder…
13h.
Je reviens et retourne au "super ourson", sans trouver le bon équilibre. Ou trop équilibré, je démolis l’harmonie. Trop juste. Il faut … il me faut un bord de précipice, être tout au bord, qui hésite entre l’envol et une chute. Indécision sans le doute, simplement une question. D’où les jambes de peluche qui sortent du cadre. Sting raconte que : « I steel love you. I steel want you » (a thousand years), ça calme après Deftones et the Strokes. Compliqué la lumière dans mon atelier… Je modifie le 1er ourson solitaire, sur toile.
Mélodie couleurs un poil tendue.
Et puis c'est tout pour ce bref épisode pictural. Plus qu'à prendre mon train et rentrer (en dépression) loin de ... (crise de larme - simulée - propos inaudibles - méta-gag pQf)
Rire de Marc, dans les brosses et pinceaux, qui m'accompagne. Comme un gros nuage.