expo erquy 6

Exposition galerie d’ERQUY _ 20oct au 4nov 2018

chapitre 6  

journal de l'expo-navigation  

dernière semaine avant WE, et fin ...

(snif!)

lundi 29 octobre 2018, chapter 6. Café filtre dégueu avec croissant (pas mieux) de la boulangerie du centre.

10h Je m’amuse tout seul dans ma galerie éphémère, avec du pliage de bateau. Je plie un emballage, froissé (origine magasin le « Géant des Beaux-arts » que je conseille pour la diversité, mais pas pour les prix). Et je place 2 bateaux-indicateurs (temps, vents, et accessoirement expo).

Comme dit mon épouse : va falloir que je fasse preuve de « résilience », et en spontané.

11h35 : 1^er« visite », 3 secondes 4 dixièmes, mère et son garçon rentrent coté « office T » pour jeter un quart-d’œil. La maman dit « c’est sûr, c’est pas très compliqué ! ».

15h toujours personne. Je leste mon bateau froissé-plié avec du grès rose au niveau de sa quille. Il devrait mieux tenir le vent tourbillonnant de la cour. Cela devient foutrement technologique-mécanique tout ça, d’une poésie high-tech. j'adore.

Mardi 30oct, anniv de JJ et de M : pneu arrière crevé, me « tue ». Après pneu avant semaine passée. Mon épouse qui me dit que « peut-être les épines des roses ». Je pense à ma sœur (réf : série "rose n&b") et ça m’enterre. 

(Ou, plutôt une sorte de colère sourde qui monte ? Bizarre ! Cela rejoint un rêve du petit matin très peu agréable. Où : sans le sous, seul, j’erre dans tout ce qui m’horrifie. Rêve qui lui-même rejoint mon énervement idiot d’hier soir, avec cette élection brésilienne. Tout le monde aux armes, disent les évangélistes, pour tuer, brûler, vider le pays des esprits libres, les différents, les minorités etc.  Et ça, partout dans le monde, Europe incluse, cette tendance à l’extrême bêtise et violence, le règne de la haine, le retour des croyants-intolérants férus d’au-delà fantaisistes avec leurs possibles inquisitions et sorcières brûlées. Prisonniers d’une « rumeur-loi » divine, avec pour moteur la « haine » de l’autre.

Le foot et des rumeurs d’au-delà - ce qui nous rassemble ? - voilà comment l’espèce sapiens ++ qui nous suivra, pourra résumer notre passage sur cette planète ?) 

Le remède BPP, vite, pour me calmer ! 

4 bateaux à plier seront mes Pater et Ave perso, pour me pardonner mes débordements d’humeur quand je crève d’un pneu de vélo qui me transforme en piéton.

Temps ensoleillé, dehors,

Humeur grise persistante, dedans.

Je ne suis pas raccord, m’agace un brin. 10h, je propose aux 3 hôtesses de l’office qui jouxte l‘expo de venir voir mon travail. Elles prétextent (depuis 11 jours) que pas le temps, beaucoup de travail pour préparer l’été prochain et ses prospectus.

Tant pis !

Discussion avec un « peintre amateur » de Rouen qui finit son footing chez moi. Il connait notre Soto régional (qui se dit international - d'ailleurs, question :  j'ai vendu à 25 ans un tableau à un artiste-collectionneur japonais. Suis-je, pour le coup, un "international" ?) de Pléneuf, du temps où il hantait Erquy.

11h, je vends une carte. LA vente. Je vais pouvoir me payer un café sur le port. Chez David, ou chez Thierry ? Une dame âgée, qui me parle de son vieux chien qui perd un œil et qui a plein de nounours pour lui tenir compagnie. J’écoute. Attentif. Un peu de couleurs dans sa vie. J'aime l'idée.

12h, visite d’un agent immobilier à la retraite d’Erquy, que je connais. On discute potins locaux et pain au levain. Vers 16h, visite de la Maman de M (qui consulte mon épouse naturopathe) et pareil pour les potins et, boules bretonnes, après jeux de nos enfances.

Apparemment, il y a des problèmes de connexions aujourd’hui … Tant que mes toiles et bois restent bien accrochés, pendus aux cimaises, connexions ou pas.

Je regarde un épisode de « fawlty towers ». Certes, cela date, mais j’aime toujours. And, that’s good for my English speaking. Je regarde le ciel, je ressens le temps qui me traine. 18h

Mercredi, 31oct : le ciel se vide de ses nuages, petit à petit.

Je vois passer Laurent de l’autre côté du trottoir. La peinture, pas son truc, je sais. Il va voir son monde au café de l’église, peut-être donner un coup de main ?

Pause du milieu de journée : sur la plage du centre, je contemple une nuée d’optimists (bateaux pour moussaillons voileux), petites taches blanches sur l’horizon. Une compétition. Pas de vent, douceur. Comme une nuée de Bateaux de papiers blancs, pliés.

Ce dériveur, l'optimist, me dérive vers mon enfance, Belle-Ile-en-mer, une vague sur laquelle je surfe, quille remontée et vent arrière. Olivier, Loïc et Nicolas, pas loin, chacun dans son sabot. Alignons nos espérances.

Visite, elle et son garçon qui a grandit d'un mètre sinon plus, visite à remonter le temps d'environ 12 années, à quelques routes de Rhum de là. Choc extra-expo. Pensée vers 2Ki, qui me quitte là, 12 années déjà, sur la route.

18h, quel vide !

Jeudi 1er novembre 2018, férié.

L’équipe de l’office est absente. Fermé de leur côté. Ce jeudi sera-t-il « pire » qu’un dimanche ? Cloches qui sonnent à 10h14, l’église au moins sera pleine de pécheurs déjà au-delà, quand je peine tellement au présent.

I

J’ouvre et je range ma cour avec ma nouvelle installation, minimaliste. Je joue avec les ombres de la fin de matinée.

Si plus (+) de moyens, j’aurai pu imaginer bien plus … fou ? Une « Nef du fou », à coup sûr, bien pliée mais autant froissée. Je pense à aborder plus tard, sérieusement, la face déchirée du concept de papier. Les toiles lacérées de Fontana (1899-1968) et suiveurs peu inspirés, ne me disent rien. 

Je repense à ma "Monumenta _ tHierry d'Erquy" imaginaire. Même pas besoin du grand palais, tout existe déjà dans ma tête.

Mais j’ai épuisé mon trésor, ma liberté, mes couleurs et matières. Maintenant, va me falloir survivre (si possible, sans trop embêter-parasiter mes proches ?).

Matinée avec 4 visites en « coups de vent ». Peur du courant d'air qui bougerait des certitudes ? 

Avec l’expérience de cette expo et des précédentes, je préfère en fait : pas de visite du tout que cette catégorie de visiteurs.

Désintéressés, ils passent pour

1. passer le temps de quelques secondes, ou,
2. mon travail déplaît, vraiment, ou encore,
3. ne savent pas voir ces trucs sur un mur qui ne bougent pas (sans manette pour interagir ?)

???? 

14h35, pendant la pause : parenthèse « famille ».

Visite de ma nièce TNT (youpie !), avec un restau chez David qui fait le plein. Un peu compliqué parfois, dans ma tête, tellement elle a des trucs et tics de ma sœur. Bientôt 30 ans pour elle, ça la travaille doucement. Heureux de la voir, de l’entendre, de son effort pour venir jusqu’ici, chez « tonton » (une normande, née dans les montagnes).

Et très heureux qu’elle jette un œil sur mon travail « pour de vrai ». 

2 jours de suite qui font comme un chamboule-tout avec le temps, la vie,  ma mémoire, entouré de mes toiles et bois, mes mots et mes … désillusions. Quelques absents.

14h30, après départ de TNT, C arrive et nous blablatons jusqu’à la fin du jour (Art, création, Soulages ou Duchamp, démocratie et contre-pouvoir, intolérance, et Mélenchon comme un cheveu dans la soupe ?). 3 visiteurs interrompent notre blabla. 3 pour cette après-midi, nous parlons, un peu, de nos oursons respectifs.

ET surtout,

C a résolu le problème de connexion de sa belle-mère.

C’est tout. 18h et je ferme la galerie avec un sentiment de solitude bien enfoncé, clou, dans mon crâne cursus vanité.

Rentré, besoin express d’exprimer ma frustration, qui grossit grossit grossit.

Pour une fois qu’un galeriste (moi) prend autant de soin à exposer mon travail, dans de si belles conditions, avec juste comme il faut d’originalité et d’astuces esthétiques (merci moi ! Non, sérieux ! Comment qu’elle est canon c’t’expo ! Trop pas !) et que si peu de personne se déplacent pour voir ça, simplement voir. 

Et,

que je sais que cette occasion ne se reproduira sans doute pas, alors, oui, c’est salement frustrant tout ça. Mais bon … ça va passer, comme d’hab’. Hein, toi, que ça va passer ?

Petit reproche au galeriste (toujours moi) : en matière de réseau et com’, t’es super nul mec ! Naz ! Mais je me pardonne aussi sec. Je suis sympa avec moi ...

Vendredi 2 novembre 2018, et les cloches qui sonnent toujours. Me voilà bon pour un WE « cloches » !

Je complémente l’installation « cour ». Cette nuit la pluie, ce jour soleil ! Donc je vais créer mon départ « route du BPP » ce WE (enfin, avant retour de la pluie ce dimanche). Quelques sup de BPP dans la cour pour attirer, attiser, alpaguer quelques regards, tuer sans préjudice collatéraux, quelque indifférence ?

11h, je plie à donf’. Je concurrence « la course du rhum ». Rien que ça ! Et pas un foil pour survoler les difficultés.

L’ego monstrueux ?

Oui, forcément, anartiste qui croit créer … sans alcool, la course. Un CP avec ses grands-parents, qui n’ont « pas le temps », me dit qu’il va m’aider. Je dois en plier au moins 130. Je jette ici ou là, surtout dans la cour. Objectif poétique : s’échapper. Fuir. Atteindre l’au-delà, de cette grille. Là où les gens passent sans s’arrêter. Cela doit être tellement mieux, ailleurs ? Et puis, surtout, cela calme ma frustration et me repose de ma nuit blanche, noyé dans le bruit de la pluie sur le verre. Je prends mes notes de travail. Toutes celles qui m’ont accompagnées dans ce voyage à BPP. Des papiers et des papiers, plein de mots, d’idées et pensées, parfois illisibles, parce que seulement à peindre. Et je les  plie, plie bateau.

Je plie. Je plie. Et puis, aussi, je plie.

L’ex-président de la section kayac passe par la galerie - je serre la main qu’il ne peut pas refuser - juste pour joindre l’office. C’est le raccourci qui blesse, un peu.

De plus en plus envie de faire l’ourson sous mon toit, écrire, peindre, me perdre là où j’aime me perdre, en marge de cette vie, « ensemble ».

Ensemble, que de la gueule ? Et que, in fine, on ramasse après, moi, mon travail mes restes et mes traces, le pQf dans son détail, si j’arrive assez près de nulle part ? Sauf que non, j’ai perdu ma liberté en chemin … serait bien que je la retrouve, la chouchoute et la garde jusqu'au bout ?

11h30, rencontre de Michel, ami de France B. Ancien élève et ancienne proviseur, qui organisent des expos dans l’enceinte de leur lycée. Belle histoire, qui trouvent un tas de prolongements. La Normandie en Bretagne, nord.

Michel de Rouen possède sa résidence secondaire à quelques pas de chez C. 

12h30, dans ma recherche un peu presque vaine, d’un job sur Paris, je reçois en retour des news de A, qui me font super plaisir. Bonne journée, quand les amitiés refont surface en plein remous. Le bateau flotte, donc.

(Promo-pub locale : Retour de la fameuse naturopathe d’Erquy, ce soir. RV à prendre d'urgence ... Croisé ce midi le super caviste d'Erquy, d'excellents conseils, qui devrait passer, j'espère, demain voir mon super travail ?)

Semaine qui se finit, plus que le WE. Le mouvement pQf n'attire toujours pas les foules, et encore moins les collectionneurs, le mécène, l'intuitif spéculateur.

Visite  à 16h de mon ami-peintre de Saint-Alban, P, accompagnée de sa nièce qui le véhicule. Il me raconte comment il se dépatouille, très mal, avec ses soucis de sous. Au moins, il peint repeint, et enfin, il met un peu de couleurs, chaudes, dans ses tableaux. Après une période de glaciation notoire.

Plus qu'à explorer d’autres horizons-zons, et si possible, avec de la bonne zique. 18h Je plie bagage ? Non. Amis d'Erquy qui passe après leurs vacances pluvieuses dans le sud.

Vers 19h je vends une petite apnée à un apnéiste (connaissance d'apnée). J'offre la seconde, son épouse et lui hésitaient entre 2 apnées.

Conclusion de la soirée, avant ce WE final : Suis-je un bon galeriste ? Non, pas pour le réseau et le commerce. Juste, oui, à la limite, pour le côté scénographie, attention et soins portées au travail de "l'artiste". Déjà ça ...