Pour qui aurait loupé Munch, au-dessus du MNAM... dernier jour, j'y fais un saut dans la foule. Belle queue et bousculade à la queue leu leu devant les toiles. On me réprimande quand je stoppe et m'approche. Je dois attendre pour voir.
Munch. Né en 1863, et mort bien plus tard… Aura vécu, de loin, 2 guerres. Orphelin de maman, gamin, de papa, jeune adulte. Des sœurs, Paris, Berlin, des soutiens, une dépression, nerveuse. La maladie, souvent là, autour de lui, chez lui qui rode ou pensée qui ronge.
Une peinture avec un goût d’inachevé. Délaissée. Des faces mangées mélangées, des corps esquissés, flous. Une peinture floue et délavée, de l'esquive. Peu de matière (sauf quand il neige), parfois noyée, dégoulinante. tourbillonne façon eau courante. Rivière avec vase. Lumière du nord, très nord. Pas un coloriste. Pas un graphique.
(Je constate : comme une constance dans les expos à Paris, avec Doig Peter, Mitchel Joan, Desgrandchamps Marc (le top des liquides) et à venir Albers Josef. Ou une tendance picturale ? Un choix du marché ? Je pense aussi à Jules de Balincourt, le français « in » qui vend bien aux states, dans ce courant, d’eau. Un truc comme un tic qu’on enseigne aux beaux-arts ?)
Toile apparente sur un apprêt blanc, parfois frottée, lavée du peu de peinture. Traces de la brosse peu chargée, ou imbibée de téreb. Peu de gras, technique sèche.
Ci-dessus : visage peint plus que d'ordinaire. Le peintre s'attarde sur ses traits. Palette plus développée.L'exception, relative, dans cet autoportrait.
Geste ample, sans doute rapide. Négligé, impatient. Une palette claire, simple. Répétition des figures, pour répondre à des commandes ou pour éclaircir par l’épure, un thème qui obsède. Autoportraits nombreux. Découverte de la photo, du cinéma. Symboliste. Une idée de découpage qui fait penser à Gauguin, sans sa théorie, et avec d'autres obsessions ou travers. Une expression plus dramatique, et ce flou qui mange tout. Anarchiste, et baigné dans l’idée de dieu. Halluciné.
Kandinsky pas loin, celui de 1910.
L’œil malade vers la fin de sa vie, et le peintre qui veut témoigner de ça, avec sa peinture, donne cette idée de titre à l’expo : l’oeil moderne.
Idée que je trouve, vide.
La rivière, sombre. Les soeurs. La mort. Le féminin. Peinture fluide et courbe.
Cette manie à trouver de la modernité, cette envie de voir dans le flair d'un artiste, ou ce qu'on désigne comme tel... enfin. M'agace. Pour Géricault, Manet, Cézanne, tellement d'autres qu'on "genialise" avec les mauvaises raisons de ce genre, ou pire, à mon sens. La manie des prophètes... des augures. D'une Histoire de l'Art à fabriquer à tout prix, des prix d'honneur et médailles en chocolat, pour mousser les "spécialistes" de la chose. D'un sens ? Sens giratoire et des confusions, j'aime et préfère les ovni comme Le Greco qui n'annonce rien, sinon lui-même... Et ainsi de suite.
Seul m'importe la vérité d'un travail... ou sa sincérité. Comment ça colle avec l'être, avec ses fêlures et le bricolage pour s'en accommoder, et ses enthousiasmes que je préfère démesurés. Comment la matière peut capter, retenir, ne pas tricher, avec cette vérité. Et en "faire"... LE truc qui me touche, me traverse, laisse une trace indélébile. Résonne et me déraisonne. Seul m'importe la liberté d'un créateur, moins son invention que son envie d'ailleurs, de découvrir, de s'affranchir de tout et de rien. Son total abandon dans son aventure, et moins celle-ci aura de but, de sens fondé, plus elle me séduira... plus le travail de cet homme, cette femme, me questionnera et suscitera mon intérêt. Une passion, parfois.
Et Munch ?
Je ne sais pas encore. Mais ci-dessous, naïf (jusqu'au choix des couleurs et complémentaires), épuré et mal léché, équilibré sur le fil avec un contrepoint d'une mélodie, poignante, me séduit quelque part, quelque peu... Sans me convaincre tout à fait.
Pas la chose immédiate, mais pas fermé, je dois revoir.
A Oslo, par exemple.
PQFment,
tHierry