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grossepoire

Actu expo Paris : Cima et Artemisia et quelques parenthèses PQF ou, poire pour la soif.

 

1 - D’abord, au Luxembourg :

Cima (Giovanni Battista Cima, Da Conegliano 1459-1517)

Photo0639.jpgAprès Mantegna

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et Bellini,

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après Donatello ou Gentile, à l’orée du Gothique et à l’abordage de la renaissance, celle de Venise ou des nordiques (d’Italie), le peintre esquisse un mouvement, une rondeur, dans son exercice appliqué du symbole et du vocabulaire Catho.

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Photo pirate.

 

Un coloris puissant qui donne de l’espace à la lumière, en profondeur - ou l’esprit saint ? – avec du glacis à 10 couches ou plus.

 

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repro de repro très infidèle à ce que j'ai vu, et couleurs inexactes.

 

Tempera à l'oeuf puis huile, sur toile marouflée sur bois. Tiens ? Je lis du « bois marouflé sur toile » sur étiquette ?


(tout comme j’aime faire :

tempera que je modernise à mes sauces sans les oeufs, glacis que je démonte et réinvente avec mes recettes et accidents, marouflage à chaud qui demande rapidité et décisions parfois intuitives - folles et affolées ? – avec du lin, papiers journaux, imprimés, estompes chaotiques, pour commencer un voyage de profundis dans la matière… Le fond où presque tout se cache ?)

 

Chez Cima, un effet matière proche d’une laque, que les cartes postales et écrans micro ne pourront jamais dire, ni flatter. Et que musée qu'on plonge dans l'obsurité atténue beaucoup. Forme scénique et protection de l'oeuvre qu'on trône "inestimable". Le spot donne de la brillance, mais on peut faire mieux. On préserve avant de montrer. Pas toucher (normal) pas approcher (dommage) pas photographier (commercial).

 

J’imagine tout cela sous une lumière du jour, ou, dans la pénombre d'un recoin d'église, renaissance, ou chez moi? Comme je peux voir mes « Lourtuais » au quotidien, vibrer différemment à chaque heure de ce jour.

 

Bleu, rouge, jaune, dans l’habit de Marie, devant une étoffe verte pomme granny pour moitié, et l’autre moitié, tout de ciel que je vois bleu cobalt blanchi. Le trait dompté, découpant sagement, pensé avec discipline loin encore de la Venise du Titien (vieux) ou de Giorgione (à jamais jeune), ou du sfumato de Vinci. Une technique bien rodée, usinée, qui pourra faire face au temps.

 

A mettre en parallèle avec des modernes qui se dégradent à peine sec, des noirs de bitume qui explosent les toiles du 19ièm, un requin sous plexi et sous technologie qui pourrit trop tôt (D.Hirst), ou même certains Artemisia (la suite) qui pressée par les commandes négligent parfois le temps de travail des matières ? Ou une fois vendues, trop de manipulations ou/et du stockage en zone humide? Aujourd'hui, des toiles craquèlent plus ou moins méchamment.

 

Pas d’avis bien fixé sur ce rapport au temps. Seulement, d’évidence, j'affectionne ce rapport intime ludique et méta-truc, avec la lumière. J'aime ce travail spécifique et particulier de la peinture à l'huile, lié au temps, à des temps. Et, plus exact : le rapport avec les lumières.

 

(Pour le parisien un chouille snob, une info grappillée sur mon chemin : un Angelina ouvre au Luxembourg d’ici peu.)

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2 - Puis, au musée Maillol :

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Artemisia (Lomi Gentileschi 1593 Rome – 1652 Naple) une femme appliquée et perturbée, violée, procès qui humilie, en fuite, en exil, en réussite, auto-violence et sur-contrôle - Louise Bourgeois ou Nikki de St-Phalle, d’époque ?  - une peinture appliquée et dans l’humeur, et de commande.

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Elle choisit dans le magasin mytho une Judith qui décapite son Holopheme.

260px-GENTILESCHI_Judith.jpg    280px-Giaele_e_Sisara.JPG

Et la peintre tranche à tout va, au gros couteau, ou autrement gore, clou et marteau. Après Caravage pour la dramaturgie, pas plus. Aborde le baroque.

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Peut-être une figure de bonne sœur arrête mon regard ? Là, la peintre se repose un peu de sa guerre ?

 

 

(ne pas louper à l’étage de la collection permanente, le petit hommage à Wilheim Uhde 1874-1947. Né allemand et déchu par le moustachu excité. D’où mon conseil yau de poil : se méfier des excités, en général et des généraux ?

 

Un collectionneur passionné – un vrai de vrai - et critique d’Art curieux, attentif, et donc finalement, sans frontière dans sa tête… Découvre Picasso et devient son premier acheteur parisien (un allemand achète à un espagnol en France).

 

Wilheim explique les demoiselles à Kahnweiler quand il doute de son poulain. Et puis, à mes yeux plus essentiel, il met en lumières ses « primitifs modernes » avec l’évident Rousseau, la maintenant fameuse – à cause de Yolande/ciné -  Séraphine Louis (encore du Louis, Louise),

images-1.jpeg images-copie-1.jpeg et ses fleurs...

 

ou encore ce Camille Bombois 1883-1970

 

bomboisportrait.jpg et sa femme - mangée par des yeux amoureux ? -

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que je ne connaissais pas encore avant cette expo.

 

Parcours de vie qui ne peut laisser indifférent : un valet de ferme, puis lutteur dans un cirque, marin avant de creuser, avec d’autres, le métro parisien, et finir dans une imprimerie. Là, un travail de nuit salutaire, qui lui permet de peindre tout le jour.

 

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Le jour, rien de mieux encore pour peindre (je dis ça, parce que j’ai fait longtemps de la nocturne sous spot, nuits blanches au sens propre du terme).

 

Je n’aime pas vraiment les peintures de Séraphine et Camille, mais aucun doute sur leur plaisir de faire et leur absolue sincérité, parfois une extase (Séraphine), la jouissance des matières-couleurs, formes qui apparaissent par un élan mental, passionné, humainement sublime.

Ici, Tout apparaît dans une croûte de pigment à l’huile, séchée, comme je le crois parfois dans mon travail. Aucune commande (enfin pour certains « primitifs », c’est extra-terrestre ou divin), aucune tricherie avec son ego, seulement une intuition qu’on étale, une évidence qui vous anime, animus.

 

Udhe, un Homme et sa vie à découvrir, vraiment.  

 

3 - Aussi :

Pour voir et un peu comprendre les gargouillis stomacaux du marché de l’art actuel, visionner cette émission sur arte :

http://videos.arte.tv/fr/videos/chine_l_empire_de_l_art_-6579952.html

 

Où l'on pourra saisir la prise de pouvoir culturelle par un pouvoir politique et, pouvoir économique. Une Chine conquérante sans arme ni armure. Depuis finalement peu, 5 années, et surtout après 1989 (lessive politique avec une saignée, puis mise à l‘écart massive) la Chine crée de toutes pièces son nouvel empire de l’art. Elle avait déjà tout en magasin, une Histoire millénaire pleine d’Art, mais elle réinvente et réaménage par souci d’efficacité hégémonique. L'Asie pragmatique. Comme le Japon hier s’appropriait et digérait les technologies occidentales.

 

Surgit un East Village de Pékin, Soho asiatique. Là où elle devait détruire, subitement, le politique décide de construire. Illustré par cette usine désaffectée, devenue un centre d’art et touristique à Pékin, l'espace 789. La Chine mange l’art occidental sauce asiatique, le « réalisme cynique » et une nouvelle recette de « pop politique ». Elle crée ses collectionneurs puissants et elle déborde nos collectionneurs sans imagination, sans talent (pas des Udhe, mais que du Pinault, Saatchi etc).

 

Et surtout, quand le politique chinois décide, il agit massivement et y met le paquet. Impressionnant raz de marée. L’art comme une compétition, à réfléchir comme un instrument de pouvoir et un jouet du pouvoir.

 

Dans ce reportage, des rencontres variées, enrichissantes, avec les différents acteurs ou témoins de première ligne de cette prise de pouvoir, des artistes, 1 critique (Li Xianting), 1 écrivains (Zhao Chuan), 1 collectionneur-promoteur-immobilier (Dai Zhikang)   chinois etc.

 

Avec Yue Minjun, le peintre des faces hilares

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qui met des mots sur son art répétitif, de désenchantement, son comment il a dit « adieu à l’idéalisme » après 1989.

 

Avec Zhang Huan,

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et son armée de petites mains, toutes satisfaites de leur sort, de leur nouveau seigneur et, anecdote cochonne : l'artiste évoque son amour pour un cochon, "son âme sœur », sauvé par miracle d’un séisme à la chinoise (hors proportion) et qu'il préserve maintenant de toutes cuisson baguettes et mandibules.

 

Avec Xu Bing et son bricolage géant, sculptural, dans un atelier géant, dragon de saison, ET sa vidéo avec ENCORE des cochons,

images-6.jpegtruie recouverte d’écritures chinoises qui se fait grimper par un porc, couvert d’écritures in english…

 

Avec le plus connu, parce que vit en France depuis des lustres, d’avant 1989,  Yan Pei-Ming (les portraits N&B géant, jusqu’à récemment la Joconde revisitée et exposée au Louvre) et son Mao,

images-4.jpegqui raconte de l’extérieur comment il voit cette évolution brutale.

 

Et bien d’autres… à découvrir pour mieux saisir combien l’artiste reste accessoire dans ce jeu des pouvoirs, de tout temps (tellement vrai dans la Renaissance, entre villes italiennes, ou entre protestants et catos, etc), et combien la mesure du talent est une fantaisie de l’esprit.

 

Enfin… même si in fine, je crois en autre chose de plus consistant, plus Tout, que contient cette manie de l’homme à créer des trucs bidules machins, à priori inutile à son existence et au maintien de son espèce ici-bas.

 

L’Art, c’est quoi ? Art et/ou cochon, à remettre au centre de nos assiettes végétariennes ? C’est PQF ?

 

Avant tout, pour moi, c'est une question avec une infinité d'ouvertures, milliards d'univers et voyages possibles. C’est quelque part, LE Truc. Je n’en doute pas.

 

(un peu de Bretagne pour une plume d’exotisme et de sexe :

http://videos.arte.tv/fr/videos/la_france_sauvage_la_bretagne-6575604.html)

 

À venir, ma découverte toute chaude – pour moi - d’un artiste de la génération de mon père : Paul Guiramand (1926-2007)

 

Prochains possibles rapports d’expo : Degas et le nu, Richter à Pompidou.

 

Nouvelle page sur ma Galerie PQF :

http://www.lagaleriepqf.fr/hommedetexte1.html

 

Calendrier des expos-été-rue de mon travail, à venir, que j’essaye vaguement ou non sans mal d’organiser : 

24 juin : St-Malo (St-Servan à Solidor)

15 juillet : Dinard

21/22 juillet : Pléneuf

5 août : Erquy (le port)

11/12 août : St-Cast

18/19 août : re-Pléneuf

Au cas où vous passeriez par là ?

 

PQFment moi,

moinerveuxtHierry

Tag(s) : #Art actu
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